MASSILIA SOUND SYSTEM : « Le stade, c’est le seul lieu où les riches et les pauvres vont au même endroit « 

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A une semaine du « classico » opposant l’OM au PSG, nous avons rencontré le chanteur et emblématique leader du groupe marseillais MASSILIA SOUND SYSTEM, Gari GREU.
Ils sont les artistes qui représente le mieux l’OM, leur club de coeur dans tous les coins de l’hexagone, et ca, depuis 25 ans et les supporters olympiens « exilés » n’hésitent pas, en ces occasions, à afficher les couleurs de l’OM !
Il faut, tout d’abord, relever que le groupe ne rate jamais une occasion de clamer son amour du football et de l’OM. « Toujours à fond pour le ballon » comme indiqué dans une de leur chanson et évoquant la vie vue de Marseille.
Les chansons de Massilia Sound System apparaissent donc pour les supporters comme une initiation idéale à la vie marseillaise, ses chroniques, son histoire et sa culture.
Le Massilia Sound System a su redonner une identité positive à une génération entière de jeunes Marseillais, fiers de leur cité et de sa capacité à brasser les cultures.

C’est donc grâce à l’équipe de l’association Multimusique, partenaire du projet « navettes cultur’sport » que nous avons pu recueillir les impressions de Gari GREU à quelques heures du concert donné par les MASSILIA au festival GRENAD’IN de Grenade sur Garonne.

Media-Pitchounes : Pouvez-vous en quelques mots présenter votre groupe ?

Gari GREU : Massilia Sound System est parti d’une idée, c’est une bande de mec de 25 ans, qui « s’emmerde » à Marseille et qui découvre le Sound system jamaïcain, une nouvelle manière de jouer du reggae. En Jamaïque, il y a des concerts de reggae dits « traditionnels » mais aussi un reggae qui se joue avec des platines, on y rajoute des instruments et il y a des mecs qui y viennent chanter dessus. Massilia, c’est des mecs qui découvrent ça de manière ludique pour s’éclater, ils décident de monter un groupe, le MASSILIA SOUND SYSTEM !  Ils se sont dits, on va faire comme Bob Marley, on va faire comme lui, il chante en patois Jamaïcain et nous … on va chanter en patois d’ici, l’occitan !

On commence pour rigoler et de fil en aiguille, on s’est pris au jeu, il y en a pleins d’autres qui se sont greffés dont moi et on est toujours là 25 ans plus tard à s’éclater en aillant trouvé notre manière de s’exprimer, notre manière de peindre et de dépeindre la société.

©MEDIA-PITCHOUNES / GARI GREU, massilia sound system

« La moindre « mémé » ici, connait tous les résultats du club ! »

 

Media-Pitchounes : On dit que votre groupe est né dans le virage sud du vélodrome ?

Gari GREU : Pas exactement, mais disons qu’a un moment donné, on a rencontré des clubs de supporters marseillais au début des années 90 et on a eu de suite des liens assez fort. On s’est dit que c’était pas mal de soutenir des gens comme ça, qui vivaient le truc comme le stade en un lieu populaire, un lieu de rassemblement et qui n’étaient pas juste des porte-drapeaux. Des mecs qui avaient une activité au-delà des matchs, organisant en parallèle des concerts ou autres soirées. Vraiment des acteurs réels de la ville, dont on a toujours soutenus. Nous étions plus supporters des supporters que supporters de l’OM ! Cette relation dure depuis une vingtaines d’années. Il se trouve que quand on joue à Lens ou à Bordeaux, les supporters lensois et bordelais adaptent un peu leur quotidien à ce que l’on raconte et ils adhèrent. On a toujours eu des relations assez fortes avec les groupes de supporters en France, même si ils se traitent de tous les noms d’oiseaux pendant 90min, se sont souvent des gars du même profil qui écoutent la même musique, mènent la même vie, qui ont la même passion. A un moment donné, ils feraient mieux de se rassembler tous pour ne pas disparaître face au foot business que vous vend CANAL + et autres ! Depuis pas mal d’années, le football a perdu un peu ce jeu qui nous faisait kiffer quand on était Minots, le foot moderne m’ennuie.

Donc voilà, les groupes de supporters pour nous, étaient et resteront une alternative à cette espèce de foot business de pognon dominant.

Media-Pitchounes : Que représente l’OM à vos yeux ?

Gari GREU : L’OM à Marseille c’est important parce que c’est le CLUB ! Le stade, c’est le seul lieu où tous les quinze jours, les riches et les pauvres vont au même endroit crier « ALLEZ L’OM » ! Toutes les classes sociales sont unies dans le même élan, la moindre « mémé » ici, connait tous les résultats du club ! Il y a de la passion évidemment, il y à l’histoire. Moi mon père, était fou de l’OM, alors quand l’OM marque un but, j’ai presque la petite « larmette », c’est aussi un truc personnel. Maintenant toutes les déviances du sport professionnel en 2011 rendent le truc un peu dur à défendre.

©MEDIA-PITCHOUNES / GARI GREU, massilia sound system

« Un vrai supporter, C’est un mec qui accepte les différences »

 

Media-Pitchounes : Êtes-vous toujours en liens avec les groupes de supporters marseillais ?

Gari GREU : Bien sûr, au quotidien ! Les supporters nous suivent aussi, ils s’ennuient tellement aux matchs de l’OM qu’ils se déplacent presque autant pour voir des concerts de MASSILIA, de ÒAI STAR…, On n’est pas qu’en lien avec des marseillais, quand je vais jouer ailleurs, je rencontre les MAGIC FANS de St Étienne, de Lens ou même Bordeaux…Qui ne sont pas plus gâtés niveau football !

Media-Pitchounes : Pour vous, qu’est-ce qu’un bon supporter … marseillais ?

Gari GREU : C’est un supporter qui ne siffle pas son équipe quand-elle perd, c’est un supporter qui même si il traite l’autre de tous les noms d’oiseaux pendant 90 minutes, arrive à communiquer et à construire des choses ensemble dès la rencontre terminée. C’est un mec qui accepte les différences, qui accepte l’autre et le fait de ne pas porter ses couleurs de maillot, un bon supporter marseillais, c’est un mec pas « con » tout simplement !

Media-Pitchounes : Pour quelle raison l’OM ne fait plus autant vibrer les supporters que par le passé ?

Gari GREU : Le Foot Business à casser quelque chose, il y a une vingtaine d’années, dans les virages, il y avait un brassage de styles, de gens, de sexes… qui était réel. Ça l’est moins je crois maintenant.

Il n’y a que des supporters qui ont un maillot à 90 euros et qui ne sont que des consommateurs, qui rêvent d’un 4 à 0 sans rien n’y connaitre, qui rêvent que l’on soit racheté par le Qatar pour voir MESSI en bleu et blanc, ce n’est pas vraiment mon kif à moi !

©MEDIA-PITCHOUNES / GARI GREU, massilia sound system

« Le football c’était magique quand j’étais minot »

 

Media-Pitchounes : En tant qu’association œuvrant pour le respect entre supporters, nous aimerions avoir ton avis sur les rivalités opposant Marseille à Paris ?

Gari GREU : Cette rivalité, pour moi, ça me va pendant 90 minutes, c’est le côté folklorique de se traiter de tous les noms pendant le match. Pour les connaître de l’intérieur, c’est souvent des gens qui ont le même profil, qui écoutent la même musique et qui ont la même vie. Ils vivent de la même passion, donc à un moment donné, c’est un peu stupide que la haine s’installe au-delà des 90 minutes !  Au contraire ils devraient se serrer les coudes et trouver des solutions pour que le football reste un truc populaire, ce truc qui nous a tant fait vibrer quand nous étions tous des minots !

Moi quand j’étais jeune, on n’avait pas la « PlayStation », nous quand on avait 2 minutes, on descendait jouer au foot dans la rue, on parlait foot, on rêvait…Maintenant, les choses ne sont plus pareilles, on a plus ce rapport-là, on le trouve peut-être encore en Afrique, mais plus ici !

Media-Pitchounes : Tu es plutôt pessimiste sur le football actuel ?

Gari GREU : Oui comme je te l’ai dit précédemment, tu vois cette année par exemple, j’ai plus vibré en regardant le basket et le rugby que le foot ! Tu vois la vibration des supporters qui sont dedans, qui voient des mecs qui se la donnent pour l’amour du maillot qu’ils portent ! Moi, le football c’était magique quand j’étais minot, car il n’y avait pas tous les matchs à la télé, maintenant il y a de tout !

Par exemple, à l’époque, L’OM passait à la télé 2 à 3 fois par an, on l’écoutait a la radio sur les grandes ondes les soirs de championnat, c’est pour cela que c’était magique. C’était moins accessible, si tu voulais voir l’OM, fallait aller au stade ! A présent, tu es gavé de tout, et à voir tous les matchs, ben oui, tu te rends vite compte que Barcelone joue mieux que l’OM … , C’était un peu plus magique avant, cette accessibilité à 100% a fait perdre au football son attrait populaire et notre fierté de défendre nos villes respectives !

©MEDIA-PITCHOUNES / GARI GREU, massilia sound system

Media-Pitchounes : Comment vois-tu l’OM dans les années à venir ?

Gari GREU : Je vois l’OM racheté par un Qatar ou un « émir » d’Arabie saoudite car c’est une tête de pont en France et que ça vaut le coût d’investir. Le stade sera rebaptiser par une firme qui fera un chèque pour que le stade s’appelle «  Justin-Bridou Vélodrome » ou autres !

Marseille sera sur le modèle de l’Angleterre, je m’y suis fait d’avance à l’idée car les forces vives qui pourraient retarder tout cela ne sont pas coordonnées…malheureusement

Media-Pitchounes : Un dernier mot ?

Gari GREU : Oai e libertat ! … Aïoli !

     

©MEDIA-PITCHOUNES / GARI GREU, massilia sound system

Propos recueillis par Gladys et Cindy le 5 novembre 2011

©MEDIA-PITCHOUNES / GARI GREU, massilia sound system

LIENS RECOMANDÉS par les Pitchounes :

     Site officiel des Massilia                         

      Site du Festival GRENAD’IN      

   Site de l’école de musique de Grenade sur Garonne

 

  Projet à télécharger ici

 

 

 

 

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