Jeannie Longo, le palmarès le plus riche du sport féminin français

 In Le Tour au pied des Tours, Non classé

Couronnée d’or Olympique en 1996, reine des podiums avec 13 titres mondiaux et 59 titres nationaux. Jeannie Longo présente le palmarès le plus riche du sport féminin français.                                               Avec 40ans de carrière elle était dotée d’une longévité exceptionnelle.
(Interview réalisé le 1er février)

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire du vélo?
Jeannie LONGO : En fait, j’habite une région de montagne , les Alpes, et quand j’étais jeune, je vivais dans une station de ski ; donc , je voulais être championne de ski ! Je faisais du vélo pour m’entrainer pour le ski et aussi pour profiter des beaux paysages, l’été … Puis, j’ai participé à des petites courses de vélo locales où je faisais de bons résultats. Ce n’est qu’à mon époque estudiantine , alors que j’étais en équipe de France universitaire de ski alpin, que j’ai pris une licence de vélo et que je m ’y suis mise plus sérieusement . Mon fiancé, qui est devenu mon époux , m ’avait encouragé dans ce sens ; c’est lui qui m’a entrainée et conseillée.

Avez-vous une anecdote à nous raconter de vos premiers pas à vélo ?
JL : Ma mère me racontait qu’elle m’observait du balcon de la maison alors que j’essayais de monter sur un petit vélo jaune, je n’y arrivais pas, je tombais, je donnais des coups de pieds dans le vélo, puis je recommençais, jusqu’à ce que j’y sois arrivée toute seule !!

Vous avez été la toute première française à décrocher une mé- daille olympique en cyclisme féminin, qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?
JL : J’ai ressenti une immense joie, car c’était ma quatrième participation et que je n’avais pas réussi à gagner la médaille d’or jusque- là. Et bien sûr, de la fierté aussi, d’avoir remporté ce titre pour mon pays. Un titre olympique, c’est comme une vague de bonheur qui s’étend sur la famille, les amis, les supporters… Cela fait plaisir de faire plaisir !

Quelle est la course qui vous a le plus marqué ?
JL : Peut-être le Tour de France, une course de trois semaines, où il y a du monde, des milliers de spectateurs, tout au long des étapes…

De quelle victoire êtes-vous la plus fière ?
JL : Sans hésiter le titre olympique et aussi le Tour de France (elle l’a gagné en 1987, 1988 et 1989).

Quel est votre plus gros regret si vous devez en avoir un ?
JL : D’être restée en France ; là où on démolit l’image de l’athlète, si il ne marche pas sur le même chemin que les autres !

Avez-vous subi des remarques par rapport au cyclisme féminin ? Et comment les avez-vous surmontées ?
JL : J’ai eu à subir de nombreuses réactions machistes, mais essentiellement venant du milieu cycliste et des journalistes. L’erreur d’une femme est rarement excusée. La femme doit exceller dans ce qu’elle entreprend. Par exemple, lorsqu’il y avait des chutes dans le peloton féminin, on disait qu’elles étaient « maladroites ». Quand cela arrive chez les hommes, c’est normal : cela va vite, il y a eu un écart… Souvent aussi, la performance féminine est sous-évaluée et peu reconnue : un titre obtenu par un homme est toujours plus valorisé et respecté, surtout dans le cyclisme.

Pensez-vous que l’image du cyclisme féminin a évolué depuis ces années ?
JL : (Hésitante) Oui et non ! J’avais fait beaucoup évoluer les mentalités et les règlements pour les femmes, les équipements également. Je m’étais bien battue contre les institutions ! Nous avions connu, dans les années 80, une augmentation significative des épreuves, et le Tour de France féminin nous avait fait exploser et grandir dans la perception qu’avait le public du cyclisme féminin. Les sponsors m’avaient emboité le pas et j’avais pu monter la première équipe de marque. Les filles avaient alors de gros moyens techniques et finan- ciers mais… J’ai l’impression que les choses stagnent et baissent même, moins de courses, moins de moyens donnés aux jeunes-femmes.

Que pensez-vous du cyclisme féminin d’aujourd’hui?
JL : Le niveau est très bon ; peut-être moins de « grimpeuses » qu’auparavant. Pour avoir discuté avec certaines, membres d’équipes sponsorisées, je m’aperçois que les finances sont maigres et qu’elles n’ont presque rien pour vivre ; elles sont donc obligées d’avoir un travail en parallèle de leur activité sportive, ce qui prouve que ça n’évolue pas dans le bon sens !

Quels conseils pouvez-vous donner à des jeunes filles qui voudraient se lancer dans le cyclisme?
JL : Continuer à pratiquer plusieurs sports, pour façonner son corps et le renforcer. Commencer par des sorties avec des cyclos adultes qui connaissent des circuits et peuvent donner quelques conseils. Pour une envie de compétition, essayer de trouver un club où il y a déjà plusieurs jeunes femmes, afin de se regrouper pour les déplacements vers les compétitions, et éventuellement pour les entrainements. C’est mieux pour la motivation. Sinon, il faut de la persévérance et du courage ; le vélo n’est pas un sport facile ! (de toute façon, pratiqué à haut-niveau, aucun sport n’est facile !). Et faire fonctionner sa tête autant que les jambes !!

Selon vous, qu’est-ce qui pourrait être amélioré dans le cyclisme féminin?
JL : Au niveau des clubs, souvent, tout est fait pour les jeunes garçons (entraineur, matériel, déplacements vers les courses, stages…) et pratiquement rien pour la seule fille ou les quelques filles qui se débrouillent avec l’assistance de leurs parents (qui ne sont pas toujours compétents dans le vélo).

Pensez-vous qu’un jour le cyclisme féminin pourrait atteindre médiatiquement le cyclisme masculin ?
JL : Aujourd’hui, samedi 1er février, est le jour du sport féminin dans les médias !! À écouter les témoignages des athlètes féminines, qui n’ont pas assez de considération ni de moyens donnés par leurs fédérations, le chemin est encore long pour que le sport parvienne à la parité !! Les retransmissions ne sont pas assez équitables et les fédérations (clubs, régions…) ne mettent pas assez de moyens pour les femmes…

Merci !! 

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