INTERVIEW PASCAL DESPEYROUX L’emblématique joueur du TFC en 1986…

 In Non classé

Nous pourrions vous fredonner une célèbre chanson, pour vous parler d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre… Le temps ou le Toulouse Football Club réalisait le plus bel exploit de son histoire.

Eliminer en coupe d’Europe le club de Naples et de son prodige argentin…Diego Maradona

Les Média-Pitchounes ont voulu revenir sur le passé et rencontrer les héros de ce fameux soir de 1986. En attendant l’entretien du buteur toulousain Yannick STOPYRA prochainement, c’est l’emblème de cette équipe, PASCAL DESPEYROUX qui nous offre ses impressions et ses souvenirs.

 

MEDIA-PITCHOUNES : Pour débuter comment es-tu venu au football ?

P.DESPEYROUX : Un jour, mon père, alors que nous habitions le quartier des Izards, a décidé,  de nous amener avec mon frère au stadium. J’avais 6 ans, je n’avais pas encore le droit d’avoir une licence. Mon premier club était l’UST, qui était avant le nom du TFC.

 

MEDIA-PITCHOUNES : quel était ton sport préféré hormis le foot ?

P.DESPEYROUX : J’ai un faible pour le tennis

 

MEDIA-PITCHOUNES : Quelle équipe et quels joueurs te faisaient rêver enfant ?

P.DESPEYROUX : Il y a 2 équipes. Tout petit, c’était l’Ajax d’Amsterdam, l’équipe de Johann Cruyff , avec le maillot blanc et une grande bande rouge et tous ces joueurs là, on les a retrouvé dans l’équipe de Hollande de 1974.  C’était mes premiers amours au niveau étranger, j’avais le poster et je suis toujours resté fou de ce jeu là.  En France, mon équipe favorite était Saint Etienne où j’ai joué 20 ans plus tard.

 

MEDIA-PITCHOUNES : A quel âge as-tu joué ton premier match en ligue 1 et contre qui ?

P.DESPEYROUX : J’ai joué à 19 ans et c’était à Laval, ce n’était pas très spectaculaire mais je m’en souviens bien c’était le 11 octobre 1985.

 

MEDIA-PITCHOUNES : Quel a été ton parcours ?

P.DESPEYROUX : J’ai donc joué en jeune à l’UST, je suis parti et j’ai joué 4 ans au TAC à Gironis parce que j’avais des copains là bas et après ça le centre de formation du TFC est venu me chercher. C’est une petite fierté car j’ai été le premier joueur toulousain à rentrer dans le premier centre de formation qui se créait à l’époque au CREPS de Lespinet et ensuite j’ai été le premier joueur du centre de formation à jouer en 3ème division et j’ai continué. Après je suis passé en pro, en équipe de France espoir et même en équipe de France A, la grande !

                     « LE TFC , C’ETAIT PHENOMENAL! »

 

MEDIA-PITCHOUNES : Quelle période préfères-tu entre le TFC et Saint Etienne ?

P.DESPEYROUX : Je préfère la période du TFC, j’avais 20 ans. Nous avons disputé 8 matchs de Coupe d’Europe devant 35 à 40 000 spectateurs à tous les matchs, il faut s’en rappeler, c’était phénoménal. En plus moi, j’étais un gamin de Toulouse et à chaque match j’avais une trentaine de personnes de la famille. Mais c’est aussi surtout  parce qu’on a connu la Coupe d’Europe en finissant 3 ème du championnat alors qu’à l’époque il n’y avait que les trois premières équipes qui se qualifiaient en coupe d’Europe.

J’ai beaucoup aimé Saint Etienne mais comme je suis né à Toulouse et que depuis l’âge de 6 ans je m’entraînais autour du stadium, pour moi ça a été phénoménal.

 

MEDIA-PITCHOUNES : Quels sont tes meilleurs et moins bons souvenirs ?

P.DESPEYROUX : Mon moins bon souvenir c’est le 5 à 1 que je prends à Moscou contre le Spartak de Moscou. Ici, on gagne 3-1 avec un triplé de Gérald Passi, avec le stade plein et tout le monde pensait qu’on était presque qualifié. Au match retour on perd 5-1 c’est mon moins bon souvenir car je me souviens que tous les joueurs étaient en larmes.

Et le meilleur souvenir pour moi dans ma carrière c’est le titre de champion d’Europe espoir avec Eric Cantona , Laurent Blanc. En fait j’ai été champion d’Europe espoir en 1988 et alors qu’honnêtement 3 ans avant je n’étais vraiment pas le meilleur du centre de formation mais j’ai beaucoup travaillé, je me suis défoncé, j’ai eu de la chance et là tout s’est enchaîné. Après 38 matchs avec l’équipe de France des moins de 22 ans, on a été champion d’Europe avec une équipe de rêve : Laurent Blanc, Bernard Casoni, Franck Sauzée, Vincent Guérin, Jocelyn Angloma, Stéphane Paille. C’est mon meilleur souvenir, j’ai entendu 38 fois la Marseillaise ! 38 fois l’hymne national ! C’était fort.

 

MEDIA-PITCHOUNES : La plus belle page du TFC fut écrite en coupe d’Europe face à Naples, tu y étais nous non, peux-tu nous en parler ?

P.DESPEYROUX : C’est une des très belles pages du TFC .Bien avant nous, il y avait une autre page dont il faut parler. En 1957, le TFC a quand même gagné la Coupe de France.

Mais c’est vrai que d’éliminer Maradona, d’éliminer Naples, ça a été la folie dans la ville parce que Maradona c’est comme si aujourd’hui on avait joué et éliminé Barcelone et Ronaldhino, c’était le meilleur joueur du monde.

A ce moment j’avais 20 ans, un an avant je jouais sur des terrains de Toulouse, Blagnac et du jour au lendemain, un beau matin d’un jour de septembre devant 90 000 personnes à Naples, devant la moitié de l’équipe nationale d’Italie car Naples à l’époque c’était une belle équipe et là on arrive à les éliminer, c’était fabuleux. On a réussi car on avait de très bons joueurs, il y avait Yannick Stopyra et surtout les 2 argentins Tarantini et Marcico et un superbe gardien Bergeroo. On a réussi à faire un exploit car on était une bande de copains avant tout.

 « MARADONA, JE LUI AI MIS UN TAMPON DES L’ENGAGEMENT! »

                            

 

MEDIA-PITCHOUNES : Recevoir Maradona au Stadium devait procurer de l’effervescence autour de vous. Étiez-vous prêts à supporter la pression ?

P.DESPEYROUX : Pour évacuer la pression, je lui ai mis un tampon dès l’engagement !

C’est vrai que c’était dur surtout que moi je devais le marquer, il était tout petit, il faisait 1m60 et moi je fais presqu’1m90. Il faisait 30 cm de moins que moi et surtout je n’avais que 20 ans et je devais jouer le meilleur joueur du monde. A Toulouse je n’en ai pas dormi car j’allais jouer devant la famille et les copains et à Naples je n’en ai pas dormi car il y avait les supporters italiens qui klaxonnaient avec leurs scooters volontairement toute la nuit. Donc pour gommer ça, je te jure le premier ballon, je l’ai fauché et je n’ai plus pensé que c’était le meilleur joueur du monde et que c’était un joueur comme moi

 

MEDIA-PITCHOUNES : Pour quelles raisons a-t-on dû attendre 20 ans pour revoir le TFC participer à une Coupe d’Europe ?

P.DESPEYROUX : Parce que c’est très difficile d’avoir des résultats mais c’est vrai que pendant une période de 10 ans, il y a eu énormément de mauvais choix qui ont été faits et surtout malheureusement, en 89, il y a eu une dette de 2 milliards de francs à l’époque et là tous les meilleurs joueurs qui sont partis. En 1 an on a perdu Gérald Passi, …Durand, Stopyra, Bergeroo s’était arrêté, Beto Marcico était reparti en Argentine, Tarantini qui était parti au Servette de Genève…

Toute l’équipe a explosé car malheureusement le club avait un trou structurel et qu’il a eu du mal à s’en remettre.

 

 

MEDIA-PITCHOUNES : Quel est le joueur qui t’a le plus impressionné pendant tes 3 sélections en équipe de France A ?

P.DESPEYROUX : J’en ai même 4 sélections mais je ne suis rentré que 3 fois.

Le joueur qui m’a le plus impressionné honnêtement c’est Jean Pierre Papin. Ce n’était pas vraiment un super joueur mais il est devenu un buteur, extraordinaire. A l’entraînement il était encore plus impressionnant, il était tout le temps devant le but. Avec lui il y avait 3 ballons, il y avait 2 buts, des frappes de 30 mètres ; Ca c’était avec l’équipe de France.

Par contre  j’ai vu meilleur, il jouait avec nous à Toulouse, Beto Marcico, c’était un magicien ! C’est le meilleur joueur avec lequel j’ai joué et j’ai joué 14 ans en première division. C’est devant Laurent Blanc. Beto Marcico, c’était une idole, c’est le joueur le plus fort que Toulouse ait connu, c’est lui qui a amené Toulouse à un tel niveau

           « ELMANDER, C’EST DU CALIBRE A MARCICO! »

                         

 

MEDIA-PITCHOUNES : Tu es de la génération de Platini si tu devais la comparer à celle de Zidane ?

P.DESPEYROUX : Ah non ! Ne me vieillis pas, ne déconne pas ! J’ai joué qu’une seule fois contre Platini, lors du jubilé de Bernard Lacombe, Il venait d’arrêter sa carrière à peine 1 an avant.

C’est un souvenir magique. Lui il a 50 ans moi j’en ai 40, il est d’une génération avant moi.

 

MEDIA-PITCHOUNES : Et celle de Marcico avec celle d’Elmander ?

P.DESPEYROUX : Elmander c’est du calibre à Beto. Si le TFC est arrivé à avoir la Coupe d’Europe, on le doit à son équipe, à son entraîneur mais on sait que c’est à70 % grâce à Elmander qui a fait une saison extraordinaire l’année dernière. Il est devenu l’idole du TFC comme avait pu l’être l’argentin.

 

MEDIA-PITCHOUNES : La nomination de Platini à la tête de l’UEFA est elle bienfaitrice pour le football ?

P.DESPEYROUX : Oui parce que je pense que c’est très bien que le football revienne à d’anciens footballeurs. Il est intelligent, il a déjà organisé la Coupe du monde, il a su passer la barrière et ne pas rester seulement sur ses souvenirs à lui mais progresser avec l’âge. C’est un grand dirigeant et c’est bien parce qu’au moins il sait de quoi il parle.

 

MEDIA-PITCHOUNES : Est-ce que tu revois les anciens joueurs maintenant ?

P.DESPEYROUX : Je les revois quelquefois mais j’avoue qu’on est un peu aux 4 coins. PASSI vit à Annecy, DURAND à Marseille, BERGEROO à Paris pour l’équipe de France. J’ai recroisé STOPYRA mais j’ai beaucoup de nouvelles de Beto MARCICO car j’ai eu son fils pendant 2 ans à la maison. Je m’occupais du sport études à Auch et j’ai pris Lucas à la maison. C’était un peu mon fils aussi. J’ai toujours eu une relation particulière avec Beto, on discute sur msn, moi ici, lui à Buenos Aires

                « LA VIOLENCE A TOUJOURS EXISTÉE »

                           

 

MEDIA-PITCHOUNES : On a vu lors du dernier match de l’uefa à Prague 8000 spectateurs seulement, penses tu que le foot n’attire plus les foules comme à ton époque ?

P.DESPEYROUX : Je crois que les gens ont dévalué un peu  mais ça c’est parce qu’il y a trop de matchs à la télévision.

Toulouse est un peu trop bien  habituée avec les matchs du stade toulousain et du TFC , mais c’est surtout car cette Coupe de l’UEFA elle passe au 2ème plan et que tout le monde veut que la ligue des champions.

 

MEDIA-PITCHOUNES : Une réforme de la Coupe d’Europe doit elle avoir lieu et quoi mettre en place ?

P.DESPEYROUX : Je crois que c’est bien. La réforme que Michel Platini prône passe. Avant, il y avait de très grands clubs à l’est, en Tchécoslovaquie, en Pologne et tous ces gens la maintenant ont moins d’argent que les autres par rapport a l’Italie, la France, l’Espagne mais il y a de très bons joueurs.

Pourquoi donc n’auraient –t ils pas leurs chances pour jouer en ligue des champions ? C’est un bon projet il faut qu’il le mettre bientôt en place.

 

MEDIA-PITCHOUNES : La violence dans les stades, le racisme, la pression des sponsors, ….les années 80 étaient-elles plus agréables pour jouer ?

P.DESPEYROUX : On ne peut plus jouer pareil. Maintenant il y a des caméras partout, maintenant, tous les matchs sont filmés, passent à la télévision. Je ne suis pas sûr que je puisse jouer aujourd’hui de la même manière que je jouais avant. A l’époque c’était beaucoup plus engagé, beaucoup plus viril, quelques fois plus coquins aussi. Maintenant il y a plus de spectacle.

Par contre,  la violence elle a toujours existé et même à l’époque, elle était un peu plus grave. Il y avait les hooligans, il y avait un phénomène qui venait d’Angleterre, il y a eu le drame du Heysel pour notre génération à nous, il y a eu 3 ou 4000 morts dans une tribune. Ca nous a marqué.

Le racisme, il y était mais beaucoup plus caché. Par contre honnêtement, dans le foot, sport, dans l’équipe, moi je venais du quartier des Izards, un quartier difficile comme toi et j’y étais sensible. Mes meilleurs copains en clair ça a été Gérald Passi, un métis, un noir. Comme je venais des quartiers j’étais sensible à ce qu’il n’y ait pas de racisme.

MEDIA-PITCHOUNES : Pour terminer la question que l’on pose généralement aux anciens : Que deviens-tu. ?

P.DESPEYROUX : Je suis responsable du Club d’Auch Gascogne depuis 8 ans. J’ai été entraîneur mais aussi directeur de ce club.

Puis, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur, cette année je suis manager du club et je m’occupe de la formation des jeunes.

Parallèlement, je suis papa avec 3 filles .J’ai réussi à avoir une reconversion intéressante. Ce,’n’est pas le milieu professionnel mais je vis quand même encore un peu du football .Je suis aussi consultant pour Sud Radio.

(Le tube du stadium de l’epoque … à écouter en boucle!)

Interview réalisée par Mehdi , Tarek, Chafik et Zacharia / Novembre 2007

Recent Posts
Nous contacter

Envoyez nous un mail :)

Not readable? Change text. captcha txt

Start typing and press Enter to search