INTERVIEW YANNICK STOPYRA

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Les Média-Pitchounes ont de nouveau remontés le temps afin de rencontrer les héros de ce fameux soir de 1986. Après l’entretien du milieu de terrain PASCAL DESPEYROUX, c’est au tour du buteur toulousain Yannick STOPYRA , un des emblèmes de cette équipe, qui nous offre ses impressions et ses souvenirs.

YANNICK STOPYRA

né le 9 janvier 1961 à Troyes

Il rejoignit Toulouse juste après l’Euro 1984. Associé à Ferratge, puis Marcico, il décrocha plusieurs places d’honneur en championnat de France et participa, lors de la saison 1986-1987, en coupe de l’UEFA, à quatre rencontres extraordinaires contre le Naples de Maradona et le Spartak de Moscou.

Mais plus qu’en championnat, c’est en coupe du monde que Yannick Stopyra connu son heure de gloire. Sélectionné par Henri MICHEL pour le voyage au Mexique en 1986, il fut l’un des principaux artisans du remarquable parcours des Bleus. il marqua deux buts, pris part aux deux victoires d’anthologie contre l’Italie puis le Brésil et réalisa des prestations de très haute volée qui lui valurent d’être nommé dans l’équipe-type de la compétition.

M.Pitchounes : Si nous sommes ici avec toi, c’est pour montrer aux Jeunes Citoyens Supporters que le TFC a une histoire, et que de très grands joueurs ont portés ces couleurs, et bien entendu, tu en fais parti…

YANNICK STOPYRA : Juste une anecdote pour rebondir avant ca. Un jour on me demande d’intervenir dans une école de foot, c’était une tranche d’âge de 8 et 12 ans ; j’avais terminé ma carrière à cette époque et je m’orientais vers une carrière d’entraineur pro, Aimé JACQUET m’avait plutôt conseillé « travaille auprès des jeunes et tu verras que le football, tu ne le connais pas… » C’était vrai ! Nous dans le monde professionnel, nous avons une vision un petit peu déconnecté de la réalité. Alors je me suis « tapé » les quartiers, d’abord les tarterets, c’est un quartier très chaud de la région parisienne. On m’a présenté comme un ancien joueur ; arrivé là-bas, je leur dit bien sur de bien travailler à l’école, mais aussi insiste sur le respect, le racisme…enfin tout les messages. Je sentais qu’ils m’écoutaient mais sans plus. Je termine ma petite séance et je leur dit au revoir. En partant je les entends m’appeler « monsieur, monsieur ! » et en courant vers moi, ils me disent « monsieur, vous avez fait fort boyard !» Je leur réponds que oui et me suis rendu compte à ce moment la qu’ils ne me connaissaient pas du foot, mais d’une émission de TV qui n’avait rien à voir avec ce que j’avais fait, que l’on est vite oublié et que les jeunes, même supporters, ne nous connaissent pas.

M.PITCHOUNES : Pourtant,  c’est important de ne pas oublier justement

Y.STOPYRA : Bien sur, un club pro, quel qu’il soit, que ce soit le TFC ou le REAL de MADRID, tu ne peux avoir une identité forte si tu passes sous silence son passé. On prend l’exemple de l’équipe de France championne du monde en 98, elle a réussie parce qu’avant, il y’à eu des équipes qui on fait le « boulot ». En 86, en 82, ou même en 58 avec JUST FONTAINE ! Lui, il fait parti des meubles, des grandes figures du football français, on ne peut l’oublier, c’est impossible. Tu vas pouvoir progresser avec des jeunes de 18,20 ans dans un effectif pro ou dans une école de football si tu utilises tout ca. Ce que je regrette un peu, c’est qu’en France, sans faire de l’ombre aux joueurs actuels, mais c’est qu’à un moment donné, il faut faire une place à ces gens là, c’est important de ne pas les oublier. Si tu arrives à faire cette union entre le passé, le présent et bientôt l’avenir, le club s’en sortira, mais c’est difficile à vivre pour les joueurs présents. Mais cela reste important d’inculquer aux jeunes qu’il y’à eu d’autres joueurs qui ont portés le maillot du TFC avant Elmander…Après, il ne faut pas focaliser trop sur le passé, je disais dernièrement à ELIE BAUP, qu’il fallait tourner la page sur cette équipe de 86, nous avons fait une belle aventure, nous avons été en communion avec le public un soir de NAPLES au stadium mais je crois que pour l’effectif actuel, il faut arrêter de nous remettre sur le tapis avant chaque match important.

M.PITCHOUNES : Qu’est ce qui t’as donné envie de faire du Football ?

Y.STOPYRA : Ma famille a une histoire, mon arrière grand-mère est la fondatrice du FC LORIENT. Elle a découvert un sport qui venait d’Angleterre et qui s’appelait …le football ! Mon arrière grand-mère faisait partie d’une famille très importante sur LORIENT, et ils ont créés avec les enfants ce club. Actuellement, le maillot « tango », orange et noir de LORIENT, ca vient de ma vieille tante qui avait un ensemble avec ces couleurs, ca à plu à mon arrière grand-mère, et ces couleurs sont toujours présentes en 2007 ! Mon père quand à lui, est un ancien pro, international A. le frère de ma mère, pareil, international A ! Le frère de ma grand mère a aussi porté le maillot de l’équipe de France ! Donc voila, j’étais dans une famille ou je ne pouvais que faire du football !

M.PITCHOUNES : Quels  joueurs et quelles équipes te faisait rêver à cette époque ?

Y.STOPYRA : Moi c’était Johan CRYUYFF, déjà par la classe, le style hollandais amenait beaucoup de mouvements, beaucoup de créativités, c’était un régal. Il y a eu aussi St Etienne, c’était une période ou je devais avoir 13 ans et St Etienne faisait une épopée en coupe d’europe. Après une fois que je suis devenu joueur professionnel, je n’ai plus eu de clubs favoris, à part des communions avec des public, notamment avec le TFC, de gros coups de cœur avec eux.

M.PITCHOUNES : Tes grands débuts ont eu lieu à Sochaux…

Y .STOPYRA : J’ai quitté ma Bretagne natale, j’arrive au centre de formation de Sochaux, j’avais redoublé ma 3ème ce qui voulait dire que je ne pouvais pas intégrer le centre à temps complet, fallait que je termine ce cycle. Ma famille était à 1000 KM, ce fut très difficile. Fin d’année, les dirigeants décident de me virer, pas le niveau ! Et dieu merci, il y a un joueur qui démissionne de la section amateur et il manque un avant centre. Les décideurs m’avait déjà trouvé un club, je devais aller à Besançon, mais ils ont décidé de me garder un an de plus pour combler le trou. J’ai 16 ans et je joue donc en 3ème division, et la, c’est une révolution pour moi , en deux matchs je mets 6 buts, je cartonne toute la saison, je l’ai finie avec 22 buts. Un jour on m’appelle parce que Gérard Soler, un ancien du TFC d’ailleurs, se blesse et ils m’ont demandé de le remplacer, ma carrière était lancée, j’avais 16 ans et quelques semaines.

M.PITCHOUNES : Tu es ensuite parti à Rennes ou ca moins bien marché.

Y.STOPYRA : Ca été catastrophique même ! J’avais à l’époque besoin d’affection ; il ne faut pas croire que quand tu quittes ta famille à 15 ans, tu rentres dans un monde ou tu n’es pas préparé. Pendant mes 7 années à Sochaux ca allait très bien mais il fallait que je parte, et l’occasion de me rapprocher de ma famille. C’était plus affectif que par raison ; le club n’était pas prêt, ils étaient champion de D2, ils montaient en première. Comme moi j’étais le joueur le plus capé de l’effectif, puisque j’étais pratiquement le seul international, je n’étais pas prêt à supporter toute les critiques, et je rentrai dans le stade, j’étais sifflé et je savais pertinemment que je n’allais pas m’en sortir et on me disait « dis que tu ne peux pas jouer, que tu es blessé » et moi je disais non ! Je veux les affronter et à chaque fois j’y allais dans un état, je n’étais pas bien, pas en confiance. J’ai fini la saison je ne sais comment. Mais je me dis toujours, dans ma vie, il faut se servir des problèmes pour rebondir, et je me suis servi du problème de Rennes pour exploser au TFC.

M.PITCHOUNES : Pourquoi Toulouse, une revanche ?

Y.STOPYRA : Oui, une revanche à prendre avec tous le monde, et la !…  Il y’à eu quelque chose qui a été génial pour moi, une rencontre avec un entraineur, qui s’appelle DANIEL JEANDUPEUX, qui est désormais directeur sportif au MANS, et qui me fait penser à ELIE BAUP car c’était  un visionnaire comme lui. C’était un ancien attaquant, et lui il comprenait mon problème, il m’a fait travailler d’une telle façon que je ne pouvais pas me planter une seconde fois. J’ai rencontré également ici des hommes qui m’ont soutenu, poussé vers l’avant. Des garçons comme TARANTINI qui était un grand monsieur du football. Ici, c’était un club très chaleureux, avec des présidents comme monsieur VISENTIN qui est décédé, monsieur DELSOL, qui était d’une grande personnalité par sa gentillesse, nous, on ne l’appelait pas président, on l’appelait « Papy » !. Et puis à Toulouse, il y’à eu une rencontre avec BETO MARCICO ! Lui, il lui fallait un fou furieux devant qui courait partout, qui était bon de la tête et qui n’avait pas peur de se battre… j’ai répondu présent !

M.PITCHOUNES : Tu n’as pratiquement plus quitté l’équipe de France lors de ta période toulousaine, ce fut tes plus belles années ?

Y.STOPYRA : Tu sais, je reviens sur ce que je disais tout à l’heure, et ca me sert pour parler aux gamins. Mon idée, elle est aujourd’hui, que vous devez tous avoir des objectifs, quelque soit le métier que tu fais. Moi, mon objectif était très simple, j’avais mon père en ligne de mire, il a été pro ? Je serai pro ! J’ai été pro à 16 ans ! Il a été international mon père ? Je serai international ! Il a eu une  sélection ? Ok ! J’en aurai deux !… J’en ai eu 33 ! Il devait aller disputer la coupe du monde en 58, il ne l’a pas fait ! Et bien moi, je vais y aller ! C’était au Mexique en 86. Là-bas, PLATINI se fait interviewer et il dit qu’il préfère jouer avec JEAN-PIERRE PAPIN que moi ! Un journaliste vient me voir et me demande ce que j’en pense… Je lui réponds que si le bon dieu dit ca… je ne savais quoi répondre, désabusé ! Mais j’ai un tempérament à dire ce que je pense, j’ai été voir MICHEL, il était du coup très en colère envers le journaliste et plutôt gêné par rapport à moi… Et à partir de ce moment la, je me suis dit : « Tu vas leur prouver que tu seras le meilleur attaquant de la coupe du monde ! » Tous les jours j’avais ca en tête. Il faut dire qu’au départ, je n’étais même pas dans la liste des remplaçants, j’étais parmi ceux qui n’étaient même pas sur le banc mais dans les tribunes, on nous appelait « les coiffeurs » ! C’était frustrant. Le métier de footballeur, tu n’existes que par le regard des autres, et sur le banc ou dans les tribunes, tu ne peux t’exprimer. Je vois Christian Raigniac, un journaliste de LA DEPECHE, et je lui dis : « Si il y en a un qui se plante, je lui prends sa place et il ne  la revoit plus ! ». Papin se plante au premier match, je rentre, je fais marquer et j’ai fait les 6 matchs derrière… En venant à Toulouse, je mettais fixé d’aller au mondial, je me suis éclaté ici avec de superbes rencontres, de grands joueurs, ce fut bien entendu mes plus belles années et grâce à Toulouse, j’ai réalisé mon objectif.

M.PITCHOUNES : Cette coupe du monde, qu’en as-tu gardé ?

Y.STOPYRA : Cette année 86  fait parti d’une grande période pour moi, il y’à ce match de Naples avec le TFC, tu rencontre MARADONA, le plus grand joueur au monde à l’époque, tu joue avec l’autre plus grand joueur qui est PLATINI ! Et toi, tu vis ces moments la, t’as intérêt de garder les pieds sur terre car tu prends vite la grosse tête !  Tu pars au mondial, et je me dis maintenant que le billet aller, n’a pas le même prix que le retour, je suis revenu en business classe alors que j’étais parti en économique, voir dans la soute avec les valises !au retour, j’avais un agent qui me dit que je suis contacté par le barca, je devais signer au BAYERN, enfin bref, j’avais tous les clubs européens du moment sur moi … Mon objectif du départ était de jouer 20 minutes et de marquer un but en coupe du monde… Ca c’est transformé en contes de fée !

M.PITCHOUNES : Et de recevoir MARADONA au stadium, ca a du procurer de l’effervescence autour de vous ?

Y.STOPYRA : Par rapport à ca, et la rencontre avec MARADONA, j’ai une anecdote du match aller  là-bas. J’avais fait la coupe du monde, on s’était croisé comme on croisait un peu tout le monde, mais il ne me connaissait pas. Et à Naples, je vois DIEGO MARADONA… tu le regardes, impressionné mais tu tourne vite la tête car tu joues contre lui, tu ne va pas lui montrer que tu veux un autographe ! Je le regardais de loin s’échauffer, c’était MARADONA, j’allais jouer contre lui, c’était fou ! Et TARANTINI, qui jouait avec nous le connaissait bien, je les vois ensemble parler, je passe à coté et la !… j’entends : « Ola Yannick ! »… alors la je te dis pas ! Il m’a demandé si ca allait, j’ai dis oui fébrilement, mais je devais être tout rouge ! Comme un gosse ! Je recevais une reconnaissance d’un dieu  vivant! Moi je suis un affectif, je vois un truc, ca me fait plaisir et j’explose de joie ! Je ne suis pas insensible à tout ca

M.PITCHOUNES : Et si on venait sur ce fameux match de Naples…

Y.STOPYRA : En football, moi je vois deux choses, quelque soit le club d’ailleurs. D’abord, le club doit gagner, mais malgré ca, tu dois avoir une qualité de jeu, obligé de donner de l’émotion au public, car si tu gagnes mais que tu ne transmets pas cette émotion, le public va te lâcher. Et ce match de Naples, à la fois tu avais la gagne car on élimine Naples, il y’a de l’émotion, MARADONA qui rate son penalty, moi je loupe le mien, je marque pendant le match, on revient et on joue les prolongations, c’était un truc de fou, BENOIT TIHY qui neutralise MARADONA alors que tous le monde avait les pétoches … Aujourd’hui, ce qui me gênent en France c’est ca, il n’y’a plus d’émotions…

M.PITCHOUNES : Il n’y a plus de spectacle en fait…

Y.STOPYRA : Non ! Le mot spectacle, si tu dis ca à ELIE BAUP, il va nous assassiner ! Le football n’est pas un spectacle ! Ce que je veux dire c’est que si vous prenez un monsieur comme Arsène WENGER, il va gagner et en plus il donnera de la qualité. Aujourd’hui, avec cette télévision, on est capable de zapper et de suivre n’importe quel match dans le monde, et quand on voit un THIERRY HENRY, un ZIDANE, ils dégagent, ca joue, et c’est beau…

M.PITCHOUNES : De retrouver tous ces joueurs dans le championnat espagnol, est-ce qu’ils sont attirés par un jeu pratiqué en Espagne plus libre, plus original qu’en France ou en Allemagne par exemple ?

Y.STOPYRA : Le joueur actuellement est surtout attiré par l’aspect financier, si ils ne restent pas en France c’est qu’il y a une raison, c’est un coté fiscal. Après, j’entendais encore ce matin un joueur de l’OGC NICE qui se vantait que ca femme et ses enfants passaient la journée à la plage, le football est un métier de passion, et je me mettais à la place du gars qui va à l’usine au nord de la France et qui entend ca ! Ce n’est pas le message qu’un footballeur doit donner. Je pense que nous, enfin moi je suis un vieux maintenant, je suis un peu en « noir et blanc » ! Mais les joueurs doivent comprendre que derrière leurs vies luxueuse il y’à tout un système, des gars qui paient pour venir les voir et il faut les respecter.

M.PITCHOUNES : Et le fait qu’en France on n’arrive pas à bien figurer par exemple en league des Champions, c’est peut-être aussi la cause des départs vers l’étranger ?

Y.STOPYRA : Bien sur, mais quand tu regardes l’Angleterre qui ont les moyens, ils ne se qualifient même pas pour le championnat d’Europe car ils n’ont pas assez d’anglais sur le terrain ! Je pense également que quand un joueur sort d’une structure française et va frapper à la porte de clubs comme LIVERPOOL ou ARSENAL, ils se bougent un peu plus, c’est l’histoire des clubs qui pèse un peu plus comme on le disait tout à l’heure, à mon époque, comme dans le rugby, il y’avait un esprit de clocher, la différence d’argent entre nous et eux, c’est énorme ! Nous on jouait vraiment pour le club, le maillot, on avait quelques valeurs.

M.PITCHOUNES : Le fait de jouer comme par exemple au Barca avec des joueurs comme RONALDHINO ou HENRY, ca peut permettre au joueur de progresser plus vite aussi.

Y.STOPYRA : Tu progresses si tu joues ! si tu fait banquette, tu ne progressera pas, et si tu regardes les jeunes français, les clubs étrangers les prennent à 18, 20 ans…si ce n’est pas plus jeune et ils font en majorité banquette et ils reviennent 4 ou 5 ans plus tard avec un niveau moyen. A faire banquette, quand tu es jeune, mieux vaut signer à un niveau en dessous et jouer, la, ils progresseront ! Ce  n’est ni une honte, ni une tare !

M.PITCHOUNES : Et pour qu’elle raison d’après toi a-t-on du attendre 20 ans pour revoir le TFC en coupe d’Europe ?

Y.STOPYRA : Déjà, merci SADRAN ! Il a sauvé le club d’une situation financière catastrophique, il a remonté un club, une fierté de la ville, de la région… Quand ils ont fini troisième la saison passée, je me suis dit : « met toi à la place de SADRAN,  il a prit le club, il n’y avait plus rien, même pas de ballons, il s’est porté garant, il a prit des risques énormes et les voila qualifiés en champions league ! » Grand merci monsieur SADRAN !
Pendant ces 20 ans, j’ai toujours suivi le TFC, même quand j’étais entraineur au Qatar, je l’ai vu disparaitre et renaitre doucement… Je suivait les résultats en lisant la Dépêche par internet et quand tu apprends qu’une personne qui sauve le club se fait à un moment insulter ou chambrer dans la tribune par un gars qui n’a pas peut-être pas mis un centime dans le club, qui est si faut au stadium avec une invitation… Je me dis que les gens ont la mémoire courte. Moi je dis chapeau SADRAN ! Toulouse c’est une ville fantastique, jeune. C’est une ville qui mérite d’avoir un grand club de football, un vivier au niveau des jeunes, Un club européen !

M.PITCHOUNES : L’Europe à Toulouse n’a attiré que 8000 spectateurs lors de la venue du Sparta de Prague, pensez-vous que le foot n’attire plus les foules comme à votre époque ?

Y.STOPYRA : il faut voir les gens qui s’occupent des statistiques et qui peuvent savoir à peu près quel genre de personnes vont venir. Quand tu joues le jeudi, tu récupères comment les gens qui habitent à l’extérieur comme  à Saint Gaudens ou les supporters qui habitent dans les Pyrénées si le match est à 21h00 ?  C’est la galère, en plus en hiver ! Donc je pense aussi qu’il y a des moments ou cela peut s’expliquer. Il y a aussi les retransmissions. La télévision fait du bien certes, mais aussi du mal.

M.PITCHOUNES : Tu es de la génération PLATINI, si tu devais la comparer à celle de ZIDANE ?

Y.STOPYRA : J’ai joué avec les deux, ZIDANE j’ai joué avec à CANNES. Il était stagiaire et honnêtement je n’aurai pas mis un euro pour dire que ca allait être le meilleur joueur du monde ! Tu voyais qu’il avait beaucoup d’aptitudes, de qualité, que ca allait-être un bon joueur, mais de la ou il est arrivé, il a bossé le gars.

Mais tu ne m’enlèveras pas à l’esprit que PLATINI est le numéro 1, déjà parce qu’il marquait plus de buts, il était capable par sa personnalité de faire la différence, c’était un meneur. Moi, j’ai beaucoup d’admiration pour PLATINI.

Ensuite, je pense que la génération 86 était aussi forte que celle de 98, sauf au niveau des attaquants. Est-ce que BOSSIS est plus faible que LAURENT BLANC ? Je ne pense pas ! PLATINI comparé à ZIDANE, GIRESSE à DJORKAEFF… tu vois si tu compares, 98 n’est pas plus forte ! Mais il y’a des garçons comme HENRY devant, on était tous inferieur à ce potentiel.

M.PITCHOUNES : Oui mais si on regarde 98, en demi c’est THURAM qui marque deux fois, en finale c’est ZIDANE et PETIT, les attaquants étaient jeunes et je ne pense pas qu’ils ont pris une réel part de la victoire…

Y.STOPYRA : il y avait de la ferveur, et AIME JACQUET ! Lui il s’était préparé à s’exiler si il ne gagnait pas la coupe du monde, il se faisait lyncher…

En 86, honnêtement, on devait la gagner cette coupe du monde, on avait la meilleure équipe, PLATINI jouait blessé, on est passé très prêt…

M.PITCHOUNES : Et si tu devais comparer la génération MARCICO à celle d’ELMANDER ?

Y.STOPYRA : Difficile… j’ai le sentiment que celle de MARCICO, t’avais de la folie, t’avais le génie, t’avais des guerriers comme DESPEYROUX, tu le croisais dans le tunnel, il faisait peur, et avait lui-même peur de rien. Moi j’avais un petit peu de folie, je jouais dans les espaces, le mec devant, plus il était grand, et plus je lui rentrai dedans et il y avait MARCICO derrière qui était un génie, pour moi c’était du calibre de MARADONA ! Vous, vous ne l’avez pas vu, mais moi j’ai vu un pro pleurer sur un terrain ! Beto lui a tout fait, grand pont, il se retourne et petit pont, le public derrière criait « Olé » et le joueur en face était complètement perdu. Le voir jouer c’était un vrai régal.

M.PITCHOUNES : Est-ce que l’argent et la médiatisation ont rendu les joueurs un peu plus individualiste qu’a ton époque même si il y avait aussi de l’argent mais peut-être moins démesuré ?

Y.STOPYRA : Ce qu’il me gêne, c’est que quand on signait un contrat, il n’y avait pas la possibilité de quitter facilement le club, il y avait très peu d’agent, c’était un vrai engagement, il n’y avait pas eu encore l’arrêt Bosman. Aujourd’hui, je me mets à la place d’un joueur qui ne marque pas, qui se fait siffler, qui est en difficulté dans un club, il ne s’accroche plus, il appelle son agent et attend qu’une porte s’ouvre. J’ai vécu ca à RENNES, j’ai été acclamé pendant 3 mois et hué pendant 9 mois, j’étais un pestiféré ! J’ai reçu des lettres de menaces, même des menaces de mort, les flics venaient avec moi quand j’allais dans Rennes…un truc de malade, mais j’étais motivé, plus ils sifflaient, et plus je voulais leur montrer.

M.PITCHOUNES : Quand tu te faisais siffler, au bout d’un moment tu y prêtais toujours attention ?

Y.STOPYRA : Moi je suis à vif, je suis un affectif, ca faisait mal. Tu passes devant la tribune, tu as les gens qui vont te féliciter ou t’acclamer, c’est général ! Mais tu as un c… assis au 29éme rang à droite… Tu l’entends celui la, à chaque fois que tu passes, tu l’entends ! C’est-à-dire que tout le match, t’es focalisé dessus.

M.PITCHOUNES : C’est déstabilisant pendant les matchs ?

Y.STOPYRA : Ca fini par déstabiliser, et j’essaie d’apprendre ca aux jeunes qui sont ici, ce sont des privilégiés par rapport à certains. Ils sont demandés au TFC ou ailleurs, il y’en a un qui a 14 clubs européens derrière lui, il y’a de quoi prendre la grosse tête mais quand ils se font critiquer, ils ne comprennent pas, ils sont dans un cocon ici, et je leur dit « bienvenue dans le monde des adultes » ca s’appelle de la jalousie. Et faut pas croire, dans tous les corps de métiers il y’a de la jalousie, tu as un voisin, tu crois que c’est un pote, mais il fera tout pour piquer ta place. Ils y en a certains, ils vivent du malheur des autres, tu regardes la télé et tu vois quoi ? On ne montre jamais le bonheur des gens, tu as l’impression que les gens se ressourcent des malheurs des autres. Nous, on vit dans une bulle, dans un monde qui est complètement clos. Tu as un problème ? La secrétaire va s’en occuper ! Tu as un problème ? T’as l’attaché de presse ! T’as ci ! T’as ca ! T’as la communication… Tu n’as rien à faire que de jouer au football ! T’es complètement déconnecter du monde extérieur et quand on te siffle, tu ne comprends pas ! Un jour, il y’avait un film qui sortait, ca s’appelait « la boum » avec Sophie MARCEAU, la, j’ai découvert un truc, c’était les boums ! Moi, tout jeune j’allais en boite de nuit ! Non pas que j’étais un fêtard, mais je vivais dans un monde pro ! Salarié à 16 ans, mon copain de chambre avait 29 ans, était marié avec des enfants ! Moi à un moment donné au TFC, je pouvais dire n’importe quoi, la personne me disait oui pour me faire plaisir, car il savait qu’à coté il pouvait profiter d’une notoriété.

M.PITCHOUNES : La nomination de Platini à la tête de l’UEFA est elle bienfaitrice pour le football ?

Y.STOPYRA : En fait, c’est une bonne chose que les retraités du football continu dans le monde du football.

Les anciens ont souvent autre chose à faire que d’aller à des réunions, des commissions ou discuter avec les personnes. Moi je pense que nous avons tous des messages à transmettre. Tu vois ELIE BAUP, qu’en tu l’entends,  c’est un visionnaire, il à plein de choses à dire. Moi j’ai vécu des choses avec lui ici, c’est une mine, faut prendre ce qu’il transmet et vous, vous avez ce bonheur de pouvoir côtoyer des gens comme ca, c’est votre richesse de pouvoir les rencontrer par rapport aux personnes qui sont devant leur téléviseur ou qui apprennent ce qu’est le vrai football devant les jeux vidéos !

M.PITCHOUNES : La violence dans les stades, le racisme, la pression des sponsors, ….les années 80 étaient-elles plus agréables pour jouer ?

Y.STOPYRA : Non il y a toujours eu des imbéciles pour être poli ! Les imbéciles,  ils passent bien les années, c’est universel, en plus il est de toutes les couleurs. Moi j’ai entrainé au Qatar, on dit qu’en France il y a beaucoup de racisme mais allez voir à l’étranger, c’est pire ! Ici, on se bat, on fait des grosses actions au niveau des éducateurs. Moi je regrette franchement l’armée,  parce que je me rends compte que beaucoup de parents non pas le temps de s’occuper de son gamin. Le père est absent pour X raisons, divorce etc.… des familles recomposées et le gamin est livré à lui-même et il n’y a pas la sanction, il n’y a pas de repère. L’armée, si tu veux à un moment donné, c’est sur que ce n’est pas marrant pendant une année et tu te demandes ce que tu fais là, mais faut marcher au pas. Moi j’ai gardé un cimetière au bataillon de Joinville, pourquoi garder un cimetière ? tout simplement parce qu’il y avait une porte qui donnait dans la caserne, j’avais les pétoches, la nuit quand tu te retrouves à 3h ou 4h du matin tout seul, tu vois des « fantômes » de partout, mais au moins, le gars qui faisait le con, il était sanctionné par un sergent, un adjudant qui te mettait au plis. Aujourd’hui on voit tous ces fais divers, les gens qui rentrent dans les maisons qui te piquent le pognon… on arrive dans un monde de fous.

M.PITCHOUNES : Pour terminer la question que l’on pose généralement aux anciens : que deviens-tu?

Y.STOPYRA : Je me suis axé beaucoup sur la formation ici à Castelmaurou, j’ai la responsabilité de ce centre. Je me fais un devoir de transmettre tout ce que l’on a pu me donner. J’adore travailler avec les jeunes et je me spécialise dans les attaquants, car c’est ce que je connais le mieux. Et c’est important de recevoir des conseils d’un entraineur qui connait ton poste, comme un entraineur de gardiens, c’est pareil et c’est évident que dans les 3 années à venir, chaque club aura son entraineur spécialisé dans l’attaque. Un garçon comme GIGNAC, j’ai envie de l’aider, j’ai vécu la même situation de doute devant le but. Ici, j’ai un joueur, je ne vous dis pas ! Devant le but, c’est de la folie ! On ne travail que ca et il marque but sur but. Je fais parti de plusieurs commissions ici et j’ai également un projet d’écrire un livre sur l’aspect psychologique dans le foot.

Interview réalisée par KEVIN et TOMMY

Decembre 2007

INTERVIEW YANNICK STOPYRA

 

« Les jeunes supporters ne nous connaissent pas… »

photo

 

Les Média-Pitchounes ont de nouveau remontés le temps afin de rencontrer les héros de ce fameux soir de 1986. Après l’entretien du milieu de terrain PASCAL DESPEYROUX, c’est au tour du buteur toulousain Yannick STOPYRA , un des emblèmes de cette équipe, qui nous offre ses impressions et ses souvenirs.

YANNICK STOPYRA

né le 9 janvier 1961 à Troyes

Il rejoignit Toulouse juste après l’Euro 1984. Associé à Ferratge, puis Marcico, il décrocha plusieurs places d’honneur en championnat de France et participa, lors de la saison 1986-1987, en coupe de l’UEFA, à quatre rencontres extraordinaires contre le Naples de Maradona et le Spartak de Moscou.

Mais plus qu’en championnat, c’est en coupe du monde que Yannick Stopyra connu son heure de gloire. Sélectionné par Henri MICHEL pour le voyage au Mexique en 1986, il fut l’un des principaux artisans du remarquable parcours des Bleus. il marqua deux buts, pris part aux deux victoires d’anthologie contre l’Italie puis le Brésil et réalisa des prestations de très haute volée qui lui valurent d’être nommé dans l’équipe-type de la compétition.

M.Pitchounes : Si nous sommes ici avec toi, c’est pour montrer aux Jeunes Citoyens Supporters que le TFC a une histoire, et que de très grands joueurs ont portés ces couleurs, et bien entendu, tu en fais parti…

YANNICK STOPYRA : Juste une anecdote pour rebondir avant ca. Un jour on me demande d’intervenir dans une école de foot, c’était une tranche d’âge de 8 et 12 ans ; j’avais terminé ma carrière à cette époque et je m’orientais vers une carrière d’entraineur pro, Aimé JACQUET m’avait plutôt conseillé « travaille auprès des jeunes et tu verras que le football, tu ne le connais pas… » C’était vrai ! Nous dans le monde professionnel, nous avons une vision un petit peu déconnecté de la réalité. Alors je me suis « tapé » les quartiers, d’abord les tarterets, c’est un quartier très chaud de la région parisienne. On m’a présenté comme un ancien joueur ; arrivé là-bas, je leur dit bien sur de bien travailler à l’école, mais aussi insiste sur le respect, le racisme…enfin tout les messages. Je sentais qu’ils m’écoutaient mais sans plus. Je termine ma petite séance et je leur dit au revoir. En partant je les entends m’appeler « monsieur, monsieur ! » et en courant vers moi, ils me disent « monsieur, vous avez fait fort boyard !» Je leur réponds que oui et me suis rendu compte à ce moment la qu’ils ne me connaissaient pas du foot, mais d’une émission de TV qui n’avait rien à voir avec ce que j’avais fait, que l’on est vite oublié et que les jeunes, même supporters, ne nous connaissent pas.

M.PITCHOUNES : Pourtant,  c’est important de ne pas oublier justement

Y.STOPYRA : Bien sur, un club pro, quel qu’il soit, que ce soit le TFC ou le REAL de MADRID, tu ne peux avoir une identité forte si tu passes sous silence son passé. On prend l’exemple de l’équipe de France championne du monde en 98, elle a réussie parce qu’avant, il y’à eu des équipes qui on fait le « boulot ». En 86, en 82, ou même en 58 avec JUST FONTAINE ! Lui, il fait parti des meubles, des grandes figures du football français, on ne peut l’oublier, c’est impossible. Tu vas pouvoir progresser avec des jeunes de 18,20 ans dans un effectif pro ou dans une école de football si tu utilises tout ca. Ce que je regrette un peu, c’est qu’en France, sans faire de l’ombre aux joueurs actuels, mais c’est qu’à un moment donné, il faut faire une place à ces gens là, c’est important de ne pas les oublier. Si tu arrives à faire cette union entre le passé, le présent et bientôt l’avenir, le club s’en sortira, mais c’est difficile à vivre pour les joueurs présents. Mais cela reste important d’inculquer aux jeunes qu’il y’à eu d’autres joueurs qui ont portés le maillot du TFC avant Elmander…Après, il ne faut pas focaliser trop sur le passé, je disais dernièrement à ELIE BAUP, qu’il fallait tourner la page sur cette équipe de 86, nous avons fait une belle aventure, nous avons été en communion avec le public un soir de NAPLES au stadium mais je crois que pour l’effectif actuel, il faut arrêter de nous remettre sur le tapis avant chaque match important.

M.PITCHOUNES : Qu’est ce qui t’as donné envie de faire du Football ?

Y.STOPYRA : Ma famille a une histoire, mon arrière grand-mère est la fondatrice du FC LORIENT. Elle a découvert un sport qui venait d’Angleterre et qui s’appelait …le football ! Mon arrière grand-mère faisait partie d’une famille très importante sur LORIENT, et ils ont créés avec les enfants ce club. Actuellement, le maillot « tango », orange et noir de LORIENT, ca vient de ma vieille tante qui avait un ensemble avec ces couleurs, ca à plu à mon arrière grand-mère, et ces couleurs sont toujours présentes en 2007 ! Mon père quand à lui, est un ancien pro, international A. le frère de ma mère, pareil, international A ! Le frère de ma grand mère a aussi porté le maillot de l’équipe de France ! Donc voila, j’étais dans une famille ou je ne pouvais que faire du football !

M.PITCHOUNES : Quels  joueurs et quelles équipes te faisait rêver à cette époque ?

Y.STOPYRA : Moi c’était Johan CRYUYFF, déjà par la classe, le style hollandais amenait beaucoup de mouvements, beaucoup de créativités, c’était un régal. Il y a eu aussi St Etienne, c’était une période ou je devais avoir 13 ans et St Etienne faisait une épopée en coupe d’europe. Après une fois que je suis devenu joueur professionnel, je n’ai plus eu de clubs favoris, à part des communions avec des public, notamment avec le TFC, de gros coups de cœur avec eux.

M.PITCHOUNES : Tes grands débuts ont eu lieu à Sochaux…

Y .STOPYRA : J’ai quitté ma Bretagne natale, j’arrive au centre de formation de Sochaux, j’avais redoublé ma 3ème ce qui voulait dire que je ne pouvais pas intégrer le centre à temps complet, fallait que je termine ce cycle. Ma famille était à 1000 KM, ce fut très difficile. Fin d’année, les dirigeants décident de me virer, pas le niveau ! Et dieu merci, il y a un joueur qui démissionne de la section amateur et il manque un avant centre. Les décideurs m’avait déjà trouvé un club, je devais aller à Besançon, mais ils ont décidé de me garder un an de plus pour combler le trou. J’ai 16 ans et je joue donc en 3ème division, et la, c’est une révolution pour moi , en deux matchs je mets 6 buts, je cartonne toute la saison, je l’ai finie avec 22 buts. Un jour on m’appelle parce que Gérard Soler, un ancien du TFC d’ailleurs, se blesse et ils m’ont demandé de le remplacer, ma carrière était lancée, j’avais 16 ans et quelques semaines.

M.PITCHOUNES : Tu es ensuite parti à Rennes ou ca moins bien marché.

Y.STOPYRA : Ca été catastrophique même ! J’avais à l’époque besoin d’affection ; il ne faut pas croire que quand tu quittes ta famille à 15 ans, tu rentres dans un monde ou tu n’es pas préparé. Pendant mes 7 années à Sochaux ca allait très bien mais il fallait que je parte, et l’occasion de me rapprocher de ma famille. C’était plus affectif que par raison ; le club n’était pas prêt, ils étaient champion de D2, ils montaient en première. Comme moi j’étais le joueur le plus capé de l’effectif, puisque j’étais pratiquement le seul international, je n’étais pas prêt à supporter toute les critiques, et je rentrai dans le stade, j’étais sifflé et je savais pertinemment que je n’allais pas m’en sortir et on me disait « dis que tu ne peux pas jouer, que tu es blessé » et moi je disais non ! Je veux les affronter et à chaque fois j’y allais dans un état, je n’étais pas bien, pas en confiance. J’ai fini la saison je ne sais comment. Mais je me dis toujours, dans ma vie, il faut se servir des problèmes pour rebondir, et je me suis servi du problème de Rennes pour exploser au TFC.

« Tu vas leur prouver que tu seras le meilleur attaquant de la coupe du monde ! »

M.PITCHOUNES : Pourquoi Toulouse, une revanche ?

Y.STOPYRA : Oui, une revanche à prendre avec tous le monde, et la !…  Il y’à eu quelque chose qui a été génial pour moi, une rencontre avec un entraineur, qui s’appelle DANIEL JEANDUPEUX, qui est désormais directeur sportif au MANS, et qui me fait penser à ELIE BAUP car c’était  un visionnaire comme lui. C’était un ancien attaquant, et lui il comprenait mon problème, il m’a fait travailler d’une telle façon que je ne pouvais pas me planter une seconde fois. J’ai rencontré également ici des hommes qui m’ont soutenu, poussé vers l’avant. Des garçons comme TARANTINI qui était un grand monsieur du football. Ici, c’était un club très chaleureux, avec des présidents comme monsieur VISENTIN qui est décédé, monsieur DELSOL, qui était d’une grande personnalité par sa gentillesse, nous, on ne l’appelait pas président, on l’appelait « Papy » !. Et puis à Toulouse, il y’à eu une rencontre avec BETO MARCICO ! Lui, il lui fallait un fou furieux devant qui courait partout, qui était bon de la tête et qui n’avait pas peur de se battre… j’ai répondu présent !

M.PITCHOUNES : Tu n’as pratiquement plus quitté l’équipe de France lors de ta période toulousaine, ce fut tes plus belles années ?

Y.STOPYRA : Tu sais, je reviens sur ce que je disais tout à l’heure, et ca me sert pour parler aux gamins. Mon idée, elle est aujourd’hui, que vous devez tous avoir des objectifs, quelque soit le métier que tu fais. Moi, mon objectif était très simple, j’avais mon père en ligne de mire, il a été pro ? Je serai pro ! J’ai été pro à 16 ans ! Il a été international mon père ? Je serai international ! Il a eu une  sélection ? Ok ! J’en aurai deux !… J’en ai eu 33 ! Il devait aller disputer la coupe du monde en 58, il ne l’a pas fait ! Et bien moi, je vais y aller ! C’était au Mexique en 86. Là-bas, PLATINI se fait interviewer et il dit qu’il préfère jouer avec JEAN-PIERRE PAPIN que moi ! Un journaliste vient me voir et me demande ce que j’en pense… Je lui réponds que si le bon dieu dit ca… je ne savais quoi répondre, désabusé ! Mais j’ai un tempérament à dire ce que je pense, j’ai été voir MICHEL, il était du coup très en colère envers le journaliste et plutôt gêné par rapport à moi… Et à partir de ce moment la, je me suis dit : « Tu vas leur prouver que tu seras le meilleur attaquant de la coupe du monde ! » Tous les jours j’avais ca en tête. Il faut dire qu’au départ, je n’étais même pas dans la liste des remplaçants, j’étais parmi ceux qui n’étaient même pas sur le banc mais dans les tribunes, on nous appelait « les coiffeurs » ! C’était frustrant. Le métier de footballeur, tu n’existes que par le regard des autres, et sur le banc ou dans les tribunes, tu ne peux t’exprimer. Je vois Christian Raigniac, un journaliste de LA DEPECHE, et je lui dis : « Si il y en a un qui se plante, je lui prends sa place et il ne  la revoit plus ! ». Papin se plante au premier match, je rentre, je fais marquer et j’ai fait les 6 matchs derrière… En venant à Toulouse, je mettais fixé d’aller au mondial, je me suis éclaté ici avec de superbes rencontres, de grands joueurs, ce fut bien entendu mes plus belles années et grâce à Toulouse, j’ai réalisé mon objectif.

« ne pas lui montrer que tu veux un autographe ! »

M.PITCHOUNES : Cette coupe du monde, qu’en as-tu gardé ?

Y.STOPYRA : Cette année 86  fait parti d’une grande période pour moi, il y’à ce match de Naples avec le TFC, tu rencontre MARADONA, le plus grand joueur au monde à l’époque, tu joue avec l’autre plus grand joueur qui est PLATINI ! Et toi, tu vis ces moments la, t’as intérêt de garder les pieds sur terre car tu prends vite la grosse tête !  Tu pars au mondial, et je me dis maintenant que le billet aller, n’a pas le même prix que le retour, je suis revenu en business classe alors que j’étais parti en économique, voir dans la soute avec les valises !au retour, j’avais un agent qui me dit que je suis contacté par le barca, je devais signer au BAYERN, enfin bref, j’avais tous les clubs européens du moment sur moi … Mon objectif du départ était de jouer 20 minutes et de marquer un but en coupe du monde… Ca c’est transformé en contes de fée !

M.PITCHOUNES : Et de recevoir MARADONA au stadium, ca a du procurer de l’effervescence autour de vous ?

Y.STOPYRA : Par rapport à ca, et la rencontre avec MARADONA, j’ai une anecdote du match aller  là-bas. J’avais fait la coupe du monde, on s’était croisé comme on croisait un peu tout le monde, mais il ne me connaissait pas. Et à Naples, je vois DIEGO MARADONA… tu le regardes, impressionné mais tu tourne vite la tête car tu joues contre lui, tu ne va pas lui montrer que tu veux un autographe ! Je le regardais de loin s’échauffer, c’était MARADONA, j’allais jouer contre lui, c’était fou ! Et TARANTINI, qui jouait avec nous le connaissait bien, je les vois ensemble parler, je passe à coté et la !… j’entends : « Ola Yannick ! »… alors la je te dis pas ! Il m’a demandé si ca allait, j’ai dis oui fébrilement, mais je devais être tout rouge ! Comme un gosse ! Je recevais une reconnaissance d’un dieu  vivant!                                                                                                                                       Moi je suis un affectif, je vois un truc, ca me fait plaisir et j’explose de joie ! Je ne suis pas insensible à tout ca

M.PITCHOUNES : Et si on venait sur ce fameux match de Naples…

Y.STOPYRA : En football, moi je vois deux choses, quelque soit le club d’ailleurs. D’abord, le club doit gagner, mais malgré ca, tu dois avoir une qualité de jeu, obligé de donner de l’émotion au public, car si tu gagnes mais que tu ne transmets pas cette émotion, le public va te lâcher. Et ce match de Naples, à la fois tu avais la gagne car on élimine Naples, il y’a de l’émotion, MARADONA qui rate son penalty, moi je loupe le mien, je marque pendant le match, on revient et on joue les prolongations, c’était un truc de fou, BENOIT TIHY qui neutralise MARADONA alors que tous le monde avait les pétoches … Aujourd’hui, ce qui me gênent en France c’est ca, il n’y’a plus d’émotions…

« Nous on jouait vraiment pour le club »

M.PITCHOUNES : Il n’y a plus de spectacle en fait…

Y.STOPYRA : Non ! Le mot spectacle, si tu dis ca à ELIE BAUP, il va nous assassiner ! Le football n’est pas un spectacle ! Ce que je veux dire c’est que si vous prenez un monsieur comme Arsène WENGER, il va gagner et en plus il donnera de la qualité. Aujourd’hui, avec cette télévision, on est capable de zapper et de suivre n’importe quel match dans le monde, et quand on voit un THIERRY HENRY, un ZIDANE, ils dégagent, ca joue, et c’est beau…

M.PITCHOUNES : De retrouver tous ces joueurs dans le championnat espagnol, est-ce qu’ils sont attirés par un jeu pratiqué en Espagne plus libre, plus original qu’en France ou en Allemagne par exemple ?

Y.STOPYRA : Le joueur actuellement est surtout attiré par l’aspect financier, si ils ne restent pas en France c’est qu’il y a une raison, c’est un coté fiscal. Après, j’entendais encore ce matin un joueur de l’OGC NICE qui se vantait que ca femme et ses enfants passaient la journée à la plage, le football est un métier de passion, et je me mettais à la place du gars qui va à l’usine au nord de la France et qui entend ca ! Ce n’est pas le message qu’un footballeur doit donner. Je pense que nous, enfin moi je suis un vieux maintenant, je suis un peu en « noir et blanc » ! Mais les joueurs doivent comprendre que derrière leurs vies luxueuse il y’à tout un système, des gars qui paient pour venir les voir et il faut les respecter.

M.PITCHOUNES : Et le fait qu’en France on n’arrive pas à bien figurer par exemple en league des Champions, c’est peut-être aussi la cause des départs vers l’étranger ?

Y.STOPYRA : Bien sur, mais quand tu regardes l’Angleterre qui ont les moyens, ils ne se qualifient même pas pour le championnat d’Europe car ils n’ont pas assez d’anglais sur le terrain ! Je pense également que quand un joueur sort d’une structure française et va frapper à la porte de clubs comme LIVERPOOL ou ARSENAL, ils se bougent un peu plus, c’est l’histoire des clubs qui pèse un peu plus comme on le disait tout à l’heure, à mon époque, comme dans le rugby, il y’avait un esprit de clocher, la différence d’argent entre nous et eux, c’est énorme ! Nous on jouait vraiment pour le club, le maillot, on avait quelques valeurs.

M.PITCHOUNES : Le fait de jouer comme par exemple au Barca avec des joueurs comme RONALDHINO ou HENRY, ca peut permettre au joueur de progresser plus vite aussi.

Y.STOPYRA : Tu progresses si tu joues ! si tu fait banquette, tu ne progressera pas, et si tu regardes les jeunes français, les clubs étrangers les prennent à 18, 20 ans…si ce n’est pas plus jeune et ils font en majorité banquette et ils reviennent 4 ou 5 ans plus tard avec un niveau moyen. A faire banquette, quand tu es jeune, mieux vaut signer à un niveau en dessous et jouer, la, ils progresseront ! Ce  n’est ni une honte, ni une tare !

M.PITCHOUNES : Et pour qu’elle raison d’après toi a-t-on du attendre 20 ans pour revoir le TFC en coupe d’Europe ?

Y.STOPYRA : Déjà, merci SADRAN ! Il a sauvé le club d’une situation financière catastrophique, il a remonté un club, une fierté de la ville, de la région… Quand ils ont fini troisième la saison passée, je me suis dit : « met toi à la place de SADRAN,  il a prit le club, il n’y avait plus rien, même pas de ballons, il s’est porté garant, il a prit des risques énormes et les voila qualifiés en champions league ! » Grand merci monsieur SADRAN !

Pendant ces 20 ans, j’ai toujours suivi le TFC, même quand j’étais entraineur au Qatar, je l’ai vu disparaitre et renaitre doucement… Je suivait les résultats en lisant la Dépêche par internet et quand tu apprends qu’une personne qui sauve le club se fait à un moment insulter ou chambrer dans la tribune par un gars qui n’a pas peut-être pas mis un centime dans le club, qui est si faut au stadium avec une invitation… Je me dis que les gens ont la mémoire courte. Moi je dis chapeau SADRAN ! Toulouse c’est une ville fantastique, jeune. C’est une ville qui mérite d’avoir un grand club de football, un vivier au niveau des jeunes, Un club européen !

« je n’aurai pas mis un euro sur Zidane »

M.PITCHOUNES : L’Europe à Toulouse n’a attiré que 8000 spectateurs lors de la venue du Sparta de Prague, pensez-vous que le foot n’attire plus les foules comme à votre époque ?

Y.STOPYRA : il faut voir les gens qui s’occupent des statistiques et qui peuvent savoir à peu près quel genre de personnes vont venir. Quand tu joues le jeudi, tu récupères comment les gens qui habitent à l’extérieur comme  à Saint Gaudens ou les supporters qui habitent dans les Pyrénées si le match est à 21h00 ?  C’est la galère, en plus en hiver ! Donc je pense aussi qu’il y a des moments ou cela peut s’expliquer. Il y a aussi les retransmissions. La télévision fait du bien certes, mais aussi du mal.

M.PITCHOUNES : Tu es de la génération PLATINI, si tu devais la comparer à celle de ZIDANE ?

Y.STOPYRA : J’ai joué avec les deux, ZIDANE j’ai joué avec à CANNES. Il était stagiaire et honnêtement je n’aurai pas mis un euro pour dire que ca allait être le meilleur joueur du monde ! Tu voyais qu’il avait beaucoup d’aptitudes, de qualité, que ca allait-être un bon joueur, mais de la ou il est arrivé, il a bossé le gars.

Mais tu ne m’enlèveras pas à l’esprit que PLATINI est le numéro 1, déjà parce qu’il marquait plus de buts, il était capable par sa personnalité de faire la différence, c’était un meneur. Moi, j’ai beaucoup d’admiration pour PLATINI.

Ensuite, je pense que la génération 86 était aussi forte que celle de 98, sauf au niveau des attaquants. Est-ce que BOSSIS est plus faible que LAURENT BLANC ? Je ne pense pas ! PLATINI comparé à ZIDANE, GIRESSE à DJORKAEFF… tu vois si tu compares, 98 n’est pas plus forte ! Mais il y’a des garçons comme HENRY devant, on était tous inferieur à ce potentiel.

M.PITCHOUNES : Oui mais si on regarde 98, en demi c’est THURAM qui marque deux fois, en finale c’est ZIDANE et PETIT, les attaquants étaient jeunes et je ne pense pas qu’ils ont pris une réel part de la victoire…

Y.STOPYRA : il y avait de la ferveur, et AIME JACQUET ! Lui il s’était préparé à s’exiler si il ne gagnait pas la coupe du monde, il se faisait lyncher…

En 86, honnêtement, on devait la gagner cette coupe du monde, on avait la meilleure équipe, PLATINI jouait blessé, on est passé très prêt…

M.PITCHOUNES : Et si tu devais comparer la génération MARCICO à celle d’ELMANDER ?

Y.STOPYRA : Difficile… j’ai le sentiment que celle de MARCICO, t’avais de la folie, t’avais le génie, t’avais des guerriers comme DESPEYROUX, tu le croisais dans le tunnel, il faisait peur, et avait lui-même peur de rien. Moi j’avais un petit peu de folie, je jouais dans les espaces, le mec devant, plus il était grand, et plus je lui rentrai dedans et il y avait MARCICO derrière qui était un génie, pour moi c’était du calibre de MARADONA ! Vous, vous ne l’avez pas vu, mais moi j’ai vu un pro pleurer sur un terrain ! Beto lui a tout fait, grand pont, il se retourne et petit pont, le public derrière criait « Olé » et le joueur en face était complètement perdu. Le voir jouer c’était un vrai régal.

M.PITCHOUNES : Est-ce que l’argent et la médiatisation ont rendu les joueurs un peu plus individualiste qu’a ton époque même si il y avait aussi de l’argent mais peut-être moins démesuré ?

Y.STOPYRA : Ce qu’il me gêne, c’est que quand on signait un contrat, il n’y avait pas la possibilité de quitter facilement le club, il y avait très peu d’agent, c’était un vrai engagement, il n’y avait pas eu encore l’arrêt Bosman. Aujourd’hui, je me mets à la place d’un joueur qui ne marque pas, qui se fait siffler, qui est en difficulté dans un club, il ne s’accroche plus, il appelle son agent et attend qu’une porte s’ouvre. J’ai vécu ca à RENNES, j’ai été acclamé pendant 3 mois et hué pendant 9 mois, j’étais un pestiféré ! J’ai reçu des lettres de menaces, même des menaces de mort, les flics venaient avec moi quand j’allais dans Rennes…un truc de malade, mais j’étais motivé, plus ils sifflaient, et plus je voulais leur montrer.

M.PITCHOUNES : Quand tu te faisais siffler, au bout d’un moment tu y prêtais toujours attention ?

Y.STOPYRA : Moi je suis à vif, je suis un affectif, ca faisait mal. Tu passes devant la tribune, tu as les gens qui vont te féliciter ou t’acclamer, c’est général ! Mais tu as un c… assis au 29éme rang à droite… Tu l’entends celui la, à chaque fois que tu passes, tu l’entends ! C’est-à-dire que tout le match, t’es focalisé dessus.

M.PITCHOUNES : C’est déstabilisant pendant les matchs ?

Y.STOPYRA : Ca fini par déstabiliser, et j’essaie d’apprendre ca aux jeunes qui sont ici, ce sont des privilégiés par rapport à certains. Ils sont demandés au TFC ou ailleurs, il y’en a un qui a 14 clubs européens derrière lui, il y’a de quoi prendre la grosse tête mais quand ils se font critiquer, ils ne comprennent pas, ils sont dans un cocon ici, et je leur dit « bienvenue dans le monde des adultes » ca s’appelle de la jalousie. Et faut pas croire, dans tous les corps de métiers il y’a de la jalousie, tu as un voisin, tu crois que c’est un pote, mais il fera tout pour piquer ta place. Ils y en a certains, ils vivent du malheur des autres, tu regardes la télé et tu vois quoi ? On ne montre jamais le bonheur des gens, tu as l’impression que les gens se ressourcent des malheurs des autres. Nous, on vit dans une bulle, dans un monde qui est complètement clos. Tu as un problème ? La secrétaire va s’en occuper ! Tu as un problème ? T’as l’attaché de presse ! T’as ci ! T’as ca ! T’as la communication… Tu n’as rien à faire que de jouer au football ! T’es complètement déconnecter du monde extérieur et quand on te siffle, tu ne comprends pas ! Un jour, il y’avait un film qui sortait, ca s’appelait « la boum » avec Sophie MARCEAU, la, j’ai découvert un truc, c’était les boums ! Moi, tout jeune j’allais en boite de nuit ! Non pas que j’étais un fêtard, mais je vivais dans un monde pro ! Salarié à 16 ans, mon copain de chambre avait 29 ans, était marié avec des enfants ! Moi à un moment donné au TFC, je pouvais dire n’importe quoi, la personne me disait oui pour me faire plaisir, car il savait qu’à coté il pouvait profiter d’une notoriété.

« Les imbéciles, ils passent bien les années »

M.PITCHOUNES : La nomination de Platini à la tête de l’UEFA est elle bienfaitrice pour le football ?

Y.STOPYRA : En fait, c’est une bonne chose que les retraités du football continu dans le monde du football.

Les anciens ont souvent autre chose à faire que d’aller à des réunions, des commissions ou discuter avec les personnes. Moi je pense que nous avons tous des messages à transmettre. Tu vois ELIE BAUP, qu’en tu l’entends,  c’est un visionnaire, il à plein de choses à dire. Moi j’ai vécu des choses avec lui ici, c’est une mine, faut prendre ce qu’il transmet et vous, vous avez ce bonheur de pouvoir côtoyer des gens comme ca, c’est votre richesse de pouvoir les rencontrer par rapport aux personnes qui sont devant leur téléviseur ou qui apprennent ce qu’est le vrai football devant les jeux vidéos !

M.PITCHOUNES : La violence dans les stades, le racisme, la pression des sponsors, ….les années 80 étaient-elles plus agréables pour jouer ?

Y.STOPYRA : Non il y a toujours eu des imbéciles pour être poli ! Les imbéciles,  ils passent bien les années, c’est universel, en plus il est de toutes les couleurs. Moi j’ai entrainé au Qatar, on dit qu’en France il y a beaucoup de racisme mais allez voir à l’étranger, c’est pire ! Ici, on se bat, on fait des grosses actions au niveau des éducateurs. Moi je regrette franchement l’armée,  parce que je me rends compte que beaucoup de parents non pas le temps de s’occuper de son gamin. Le père est absent pour X raisons, divorce etc.… des familles recomposées et le gamin est livré à lui-même et il n’y a pas la sanction, il n’y a pas de repère. L’armée, si tu veux à un moment donné, c’est sur que ce n’est pas marrant pendant une année et tu te demandes ce que tu fais là, mais faut marcher au pas. Moi j’ai gardé un cimetière au bataillon de Joinville, pourquoi garder un cimetière ? tout simplement parce qu’il y avait une porte qui donnait dans la caserne, j’avais les pétoches, la nuit quand tu te retrouves à 3h ou 4h du matin tout seul, tu vois des « fantômes » de partout, mais au moins, le gars qui faisait le con, il était sanctionné par un sergent, un adjudant qui te mettait au plis. Aujourd’hui on voit tous ces fais divers, les gens qui rentrent dans les maisons qui te piquent le pognon… on arrive dans un monde de fous.

M.PITCHOUNES : Pour terminer la question que l’on pose généralement aux anciens : que deviens-tu?

Y.STOPYRA : Je me suis axé beaucoup sur la formation ici à Castelmaurou, j’ai la responsabilité de ce centre. Je me fais un devoir de transmettre tout ce que l’on a pu me donner. J’adore travailler avec les jeunes et je me spécialise dans les attaquants, car c’est ce que je connais le mieux. Et c’est important de recevoir des conseils d’un entraineur qui connait ton poste, comme un entraineur de gardiens, c’est pareil et c’est évident que dans les 3 années à venir, chaque club aura son entraineur spécialisé dans l’attaque. Un garçon comme GIGNAC, j’ai envie de l’aider, j’ai vécu la même situation de doute devant le but. Ici, j’ai un joueur, je ne vous dis pas ! Devant le but, c’est de la folie ! On ne travail que ca et il marque but sur but.

Je fais parti de plusieurs commissions ici et j’ai également un projet d’écrire un livre sur l’aspect psychologique dans le foot.

Interview réalisée par KEVIN et TOMMY

Decembre 2007

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