INTERVIEW DE JEAN LUC MOUDENC MAIRE DE TOULOUSE « Il faut valoriser le sport »
Quelques heures avant son départ pour Liverpool afin d’y encourager et soutenir le Toulouse Football Club en Champion’s League ; monsieur JEAN LUC MOUDENC, maire de notre belle ville a gentiment répondu à la demande de cinq jeunes citoyens reporters de l’association Média-Pitchounes et les a accueillit dans un salon historique du Capitole pour un long entretien sur la situation du sport toulousain.
Les bons résultats du TFC ou du Stade Toulousain rendent fiers les toulousains mais également notre maire, qui est le premier supporter de ces clubs qui représentent fièrement les couleurs de la ville de Toulouse sur le territoire national mais également sur la scène européenne.
Média-Pitchounes : Pour commencer, vous avez gardé un souvenir douloureux de la qualification du TFC en ligue des champions, êtes-vous rétabli ?
J.L MOUDENC : Vous avez vu, je ne boite plus, j’ai fait ma rééducation une grande partie de l’été, je suis heureux, j’ai retrouvé toute ma capacité de marcher normalement.
Média-Pitchounes : Lors de la prise de possession d’Olivier SADRAN à la tête du TFC, pensiez-vous à une ascension aussi rapide dans l’élite de la ligue 1 ?
J.L MOUDENC : Je ne pouvais pas la pronostiquer, mais Olivier SADRAN ,lui-même à un parcours personnel professionnel qui est une ascension rapide et donc au fond, je ne suis pas très surpris. Le club à remonté la pente, puis ensuite à atteint un niveau que l’on espérait pas, du moins pas aussi vite ! J’en suis fier comme Toulousain, comme supporter du club, comme Maire. Au fond, quand on connaît O. SADRAN , On ne peut pas être étonné.
Média-Pitchounes : Quelles sont vos relations avec les dirigeants du TFC et leurs ambitions d’avoir un grand club à Toulouse, sont-elles d’après vous réalisables ?
J.L MOUDENC : Je suis entrain de voir, que le TFC devient un grand club. C’est donc que l’ambition est réalisable. J’ai des relations amicales avec le président, les dirigeants, l’entraîneur et beaucoup de joueurs. Je connais bien la famille du TFC et leurs comportements depuis 2 ans, leur qualification européenne est la preuve que l’ambition d’avoir à Toulouse un grand club est une ambition réaliste. Ca ne veux pas dire que tout le chemin est fait, mais je considère que beaucoup de chemin à été fait en très peu de temps et comme Maire de la ville, a part Paris , Toulouse est la seule ville de France qui a ses deux clubs phares, le club de foot et le club de rugby, dans l’élite nationale et européenne. Si nous sommes performants, c’est que nous sommes ambitieux à Toulouse, en général.
Média-Pitchounes : Olivier SADRAN a émit le souhait d’avoir un nouveau stade à Toulouse, quelle est votre opinion à ce sujet ?
J.L MOUDENC : A un moment, il l’a dit. J’observe qu’il n’en parle plus parce que c’est peut –mètre plus facile à dire qu’a faire. Un nouveau stade ? ….comment ? Pour quel coût ? Qui finance ? Comment on y accède ? O. SADRAN est venu me voir il y a 3mois pour me demander de modifier les accès et les modifications de la billetterie , ce qui signifie un investissement de la ville, et j’ai tout de suite dit oui . Ce sont donc des travaux qui vont être fait,… mais, il ne m’a pas reparlé du stade, donc dans la mesure ou il ne m’en parle plus et qu’il me demande de faire des travaux d’améliorations du stadium actuel, je suis fondé à penser qu’il n’y pas de suite à ce qu’il parlait à un moment
Média-Pitchounes : Serez-vous du déplacement à Liverpool et pensez-vous que l’exploit est possible ?
J.L MOUDENC : Oui, je considère que le match aller à Toulouse a été un moment de bonne résistance des Toulousains. Quand on regarde Liverpool, leur parcours, leur profil, on aurait pût prendre un 3 à 0 ! Et je considère que les Toulousains ont bien limité la casse. A partir de là on peut rêver, et j’irai rêver à Liverpool.
Média-Pitchounes : La réussite éventuelle du TFC pour les années à venir peut-elle nuire d’une certaine façon au stade Toulousain ou peut-on réellement avoir deux grands clubs à Toulouse ?
J.L MOUDENC : Je ne vois vraiment pas en quoi cela nuirait au stade toulousain, par contre ça profiterait à la ville, et tout ce qui profite à la ville profite au stade, au TFC et à bien d’autres institutions. Au contraire, les exploits de l’un mettent en valeur les exploits de l’autre. Il n’y a vraiment pas de concurrence, ils ont deux sites différents, une discipline différente. Je suis ravi de cette évolution et j’espère que la saison va permettre de consolider la position.
Média-Pitchounes : Hormis ces deux sports phares, suivez-vous les résultats des autres disciplines en vogue à Toulouse comme le volley, le hand, la natation ou autres ?
J.L MOUDENC : Oui, d’autant que j’ai veillé au chantier de reconstruction du palais des sports, et on a décidé d’en faire une structure uniquement à vocation sportive, ce qu’elle n’était pas dans le premier palais des sports qui avait été endommagé par AZF. Il y avait à la fois une vocation sportive et une vocation de spectacles. Donc, à partir de ce moment là, il faut qu’il vive, et naturellement il vit avec des sports de salle : le hand, le volley, le basket. Ces disciplines là connaissent des hauts et des bas, mais là aussi, sur le hand ou le volley, bien des points ont été marqués. Le volley a remarquablement bien rebondi.
Média-Pitchounes : Nous voilà à 15 jours du début de la coupe du monde. Toulouse et les Toulousains sont ils prêts à accueillir cet évènement ?
J.L MOUDENC : Je l’espère, je le crois, en tout cas nous avons tout fait pour ! Cela fait des mois que l’on prépare tout ça , nous avons prévu un village convivial pendant toute la durée de la coupe du monde à la prairie des filtres qui d’ailleurs, a une signification historique puisque c’est là qu’est né le stade Toulousain, sur les bords de Garonne en 1907. On a prévu un grand bal populaire le 16 septembre, le soir du match de l’équipe de France, on a prévu un grand spectacle pyrotechnique à 2 pas du stadium le 29 septembre, le soir du dernier match à Toulouse. Hier, j’ai été visiter des centres de loisirs. Depuis le début de l’année, la thématique du rugby à été travaillée. Hier j’ai donc vu des calendriers pour l’année scolaire à venir qui ont été conçus par des jeunes de la ville. J’ai vu des fresques de graph extrêmement bien réussi, j’ai vu des sculptures en polystyrène expansé sur le thème du rugby. Cela veut dire que la population toulousaine et particulièrement les jeunes sont sensibilisés à cette coupe du Monde de rugby, et je suis sûr que le coup de projecteur donné sur le rugby pendant les 50 jours de cette coupe du Monde, et le mois de septembre qui va être très rugby à Toulouse. Je suis sûr que cela va augmenter l’intérêt des jeunes pour cette discipline et que cela va se sentir ensuite dans la pratique sportive.
Média-Pitchounes : Comment va se dérouler l’accueil des supporters étrangers et pouvez-vous nous parler de la charte émise à leur intention ?
J.L MOUDENC : A partir du moment ou l’on accueille un événement aussi important, nous sommes obligés de rappeler certaines règles et derrière ces règles, il y a des valeurs nous voulons que les gens de toutes générations s’approprient cet événement, je ne souhaite pas qu’il y est des débordements mais au contraire, c’est l’occasion de faire passer le message du respect. Les valeurs véhiculées par le sport, qui sont des valeurs d’équipe ou on additionne des atouts différents pour se respecter, pour les mettre ensemble et arriver à un résultat dans le même esprit, les supporters sont là pour vivre un événement sportif ; pour le vivre aussi, ils ne sont pas là pour s’abandonner à des comportements irrespectueux, inciviques , même s’ils peuvent être déçus, ne pas être d’accord avec le geste d’un joueur de l’équipe adverse ou avec des décisions d’arbitrage rendues un moment.
Média-Pitchounes : Qu’avez-vous tiré comme enseignements lors de la coupe du monde de football en 98 et quelles seront les améliorations pour celle à venir
J.L MOUDENC : Moi je n’étais pas Maire en 98, je l’ai vécu comme un simple Toulousain. A l’époque, j’étais jeune élu et chargé de la circulation et du stationnement. Ça c’est bien passé, l’expérience acquise en 98 a été un grand succès. Dans les équipes qui participent aujourd’hui à l’organisation de l’événement, le Directeur du site actuel, Alain Dubout, était le Directeur du site de la coupe du Monde de football, donc on n’a pas perdu la mémoire ni l’expérience pratique acquise il y a 9 ans
Média-Pitchounes : Vous n’êtes pas un peu déçu qu’en tant que capitale du rugby en France de ne pas avoir une demi-finale ici au stadium ou voir même quelques matchs amicaux du xv de France ?
J.L MOUDENC : Bien sûr, je suis déçu, nous avons fait des démarches. Le problème pour avoir une demi finale à Toulouse, il faut déjà avoir un stade ayant une forte capacité que notre stade actuel et il y a très peu de villes en France qui sont équipées d’un stade si important. Dans les règles d’organisation de la Fédération internationale, il faut arriver à une capacité supérieure à celui du stadium .
Media-Pitchounes : Nous avons entendu que vous étiez candidat pour une arrivée du Tour de France l’an prochain à Toulouse ?
J.L MOUDENC : J’ai eu C. PRUDHOMME au téléphone, juste après l’actuel tour de France. Je lui ai confirmé, que je souhaitais que le tour de France vienne faire étape à Toulouse l’an prochain ; il m’ait assuré qu’il ferait tout son possible et le maximum pour cela. L’organisation du tour 2008 devrait être finalisée dans les semaines à venir. Au moment venu, on l’annoncera ensemble ; mais apparemment, il n’y a pas de difficulté.
Média-Pitchounes : Les affaires liant le cyclisme ne vous découragent-elles pas ?
J.L MOUDENC : Certains coureurs de manière assez lamentable, mentent ou trichent, ce n’est pour cela que l’on doit pour autant tourner la page au tour de France ! Et j’ai envie de dire < jeter le bébé avec l’eau du bain, même si l’eau est très sale ? Donc, le tour de France est un extraordinaire événement sportif et populaire. Ce dont je souhaite, c’est que les Toulousains puissent en profiter de temps en temps.
Média-Pitchounes : En tant que politique, quelles solutions pouvez-vous mettre en place pour éradiquer une bonne fois pour tout le dopage dans le sport ?
J.L MOUDENC : Alors, ce n’est pas dans les pouvoirs du Maire, par contre, ce sont aux autorités sportives à établir des règles et à se doter de moyens pour les faire respecter. Le rôle des responsables politiques et essentiellement le rôle du Ministre des sports , des Ministres des sports de tous les pays , car le problème, il n’est pas uniquement Français , il est à l’échelle européenne et mondiale , c’est d’exiger des autorités sportives , que les règles soient mises en place et renforcées . Et enfin qu’elles soient plus efficaces. Que les pouvoirs Publics aient un droit de regard sur la mise en œuvre de règles nouvelles pour garantir la transparence et surtout la véracité des prouesses sportives
Média-Pitchounes : … Et pour la violence dans les stades ?
J.L MOUDENC : Je la déplore, je considère que la aussi, c’est un dévoiement, c’est une dérive sportive et que le sport ce n’est pas ça. Je résonne comme je résonnais il y a quelques instants comme pour le tour de France. Il faut sanctionner, améliorer toutes les mesures pour lutter contre un tel phénomène, mais en même temps, il ne faut pas faire l’amalgame, il ne faut pas pour autant dire que le sport c’est ça ! Et c’est affreux. Il faut donc se battre sur 2 fronts dans cette affaire de la violence à l’occasion d’événements sportifs ou du dopage. Il faut se battre contre la dérive , il faut également être très ferme, très exigeant et en même temps, il faut valoriser le sport et dire que la discipline sportive n’est pas la cause mais qu’elle est la victime . Au contraire, il faut la préserver, ne pas diminuer la place du sport malgré ce type de phénomène.
Média-Pitchounes : Beaucoup de polémiques ont lieues autour des jeux olympiques de Pékin, quel est votre sentiment ?
J.L MOUDENC : Chaque fois qu’il est question de la Chine que ce soit pour un évènement sportif, comme les jeux olympiques, ou d’échanges économiques entre les pays occidentaux, il y a des polémiques, pourquoi ?….parce que la Chine est un pays économique dont le régime politique n’est pas démocratique ; mais en plus, en ce qui concerne les droits de l’homme, il est des plus élémentaires. Pour autant, je ne suis pas partisan d’exclure ce pays, je ne suis pas partisan, par principe, d’empêcher l’organisation d’évènements comme les jeux olympiques. Les jeux, c’est une formidable ouverture et je crois que plus la Chine s’ouvrira, plus elle ira dans ses relations vers les pays qui eux sont des pays démocratiques respectueux des droits de l’homme et mieux ce sera pour la cause des droits de l’homme. Autrement dit, ceux qui disent, on n’aurait pas dû choisir la Chine pour organiser les jeux à cause des violences faites aux droits de l’homme, je ne suis pas d’accord avec eux, parce ce que, si en boycottant la Chine on était sûr de faire progresser la cause des droits de l’homme et de résoudre les problèmes, à ce moment là pourquoi pas ? On sait très bien que ça ne ce passe pas comme ça. Donc au contraire il faut saisir l’occasion d’être là-bas, pour quelque part interpeller les Chinois sur tous les pays qui vont envoyer leurs athlètes et aussi sur les valeurs qui animent les autres pays que la Chine va accueillir.
Média-Pitchounes : Pour terminer cet entretien, on va parler de vous étant jeune, quel sport pratiquiez-vous ?
J.L MOUDENC : J’ai longtemps pratiqué la natation, le cyclisme, j’ai fait, pendant quelques temps aussi, du squash. Maintenant je fais un peu de natation, comme pratique sportive et d’entretien. Quand on est un personnage public, c’est difficile de pratiquer un sport comme la natation, par exemple. Je fais du jooging, plusieurs fois par semaine et parfois, quelques séances de musculation pour vraiment assurer l’entretien, pas plus
Média-Pitchounes : Etiez-vous supporter d’une équipe ?
J.L MOUDENC : Quand j’étais petit, je n’étais pas spécialement supporter d’une équipe
Média-Pitchounes : Aviez-vous un modèle, une idole dans le sport ?
J.L MOUDENC : Comme tous les français , je suis sensible à Zidane .
Média-Pitchounes : Pour vous, quels sont les plus grands sportifs français et étranger de tous les temps, toutes disciplines confondues ?
J.L MOUDENC : Alors là !…il faut être de Média- pitchounes pour répondre à votre question ! Il faudrait m’embaucher pour quelques temps à votre rédaction afin de travailler sérieusement ce thème pour pouvoir y répondre.
Média-Pitchounes : Quel est votre meilleur souvenir sportif ?
J.L MOUDENC : Mon meilleur souvenir sportif, il date de 2004, j’étais jeune Maire de quelques semaines à peine et je suis allé en Angleterre pour assister à la finale de la coupe d’Europe de rugby, entre le Stade Toulousain et le Stade Français. Nous avons gagné, le Stade Français c’est un peu notre bête noire ! Et ce jour là, j’étais heureux et très ému. Vraiment un grand moment de bonheur. Je suis aussi un fidèle supporter du TFC et je dois dire que le 26 mai dernier, contre Bordeaux, dont ma cheville se souvient !…..ça été pour moi un match formidable, les joueurs ce sont donnés à fond pendant toute la partie. On savait que ce qui était en jeu c’était la qualification pour une coupe Européenne ou rien du tout. On a gagné en le méritant et puis, cerise sur le gâteau, quelques instants avant la fin du match, on nous annonçait que, non seulement nous étions qualifiés en UEFA, mais également qualifiés pour le tour préliminaire de la Champions League !….ça été assez divin ce soir là.
Média-Pitchounes : Et le moins bon ?
J.L MOUDENC : C’était au Stade De France, en finale du championnat de France de rugby 2006, contre Biarritz. Donc là, ça été un match abominable et catastrophique pour nous. On a été battus, mais vraiment à plat de couture. Dans la tribune officielle, j’étais comme torturé et je me disais, plus le match va durer plus on va s’enfoncer. J’avais qu’une hâte, que le match se termine ; c’était un vrai calvaire.
Média-Pitchounes : Enfin, quel message souhaiteriez-vous faire passer pour clôturer cette interview ?
J.L MOUDENC : Le message que je veux faire passer aux jeunes, c’est que le sport, c’est plus qu’une pratique, c’est plus qu’une discipline, c’est avant tout une école de valeurs, une école humaine. Je souhaite aux jeunes d’aujourd’hui de faire du sport. Le sport, non seulement apporte physiquement à celui qui le pratique, mais il lui apporte humainement et moralement. Par définition, quand on fait du sport, soit on est appelé à se dépasser soi- même en pratique individuelle, soit on est dans une situation de compétition, mais avec des règles, on doit gagner face à l’autre, mais en même temps le respecter. Quelque soit la configuration du sport, qu’on le pratique seul ou en équipe, en duel, pour la performance ou uniquement pour le plaisir, le sport apporte quelque chose de fort au-delà du physique et donc le message c’est celui la : si vous ne faites pas de sport, regardez ! Ouvrez-vous ! Et laissez-vous convaincre.
Entretien réalisé par Manon, Maeva, Chloé, Gladys et Tommy
Association Média-Pitchounes
