LE TOUR AU PIED DES TOURS :Christian PRUDHOMME

 In Le Tour au pied des Tours

« J’espère que petit à petit les jeunes de quartiers s’intéresseront grâce à vous au cyclisme »

Que pouvait-on espérer de mieux que le directeur du Tour de France pour aborder les questions que l’on se pose sur cette épreuve et sur la sensibilisation des jeunes de quartiers envers cet événement.

Media Pitchounes : Depuis combien d’années vous occupez-vous de l’organisation du Tour de France ?

Christian Prudhomme : Alors moi j’ai été journaliste pendant 18ans … Tu te rends compte, je suis vraiment vieux ! (rire) Ensuite je suis devenu le directeur adjoint du Tour de France aux côtés de Jean-Marie Leblanc et depuis 2007 je suis devenu le directeur du Tour.

Media Pitchounes : Pour vous qu’est-ce qu’un Tour de France réussi ?

Christian Prudhomme : C’est un Tour plein d’envie, de passion, sans trop de pépins, pas trop de chutes même si on n’a pas été très gâté jusqu’à présent, pas d’accidents etc. Et du suspense jusqu’au bout, quasiment jusqu’au dernier jour, quasiment jusqu’au Champs Elysée ! Surtout de la passion et de l’envie avec le public qui est au bord des routes parce que c’est toujours hyper impressionnant le public du Tour de France. On ne s’en rend pas compte, ce sont des centaines de milliers de personnes, 10,12 15 millions sur les 3 semaines au bord des routes. Des gens de tout âge, de toute catégorie sociale qui sont là pour voir les coureurs mais aussi pour s’amuser.

Media Pitchounes : Combien de personnes travaillent à l’organisation du Tour de France?

Christian Prudhomme : Pendant le mois de juillet, c’est environ 700 personnes pour faire ce qu’il y a à faire entre le village départ, la ligne d’arrivée, la zone technique … Sachant que le Tour de France, c’est au total 5000 personnes, il y a 700 personnes qui organisent et 2500 journalistes donc si un coureur lève le petit doigt, tout le monde le sait !

Media Pitchounes : Comment choisissez-vous les lieux qui accueillent le Tour de France ?

Christian Prudhomme : Nous avons plus de 250 propositions pour être ville étape et il nous disposons chaque année de 30 à 35 places ! On a ensuite beaucoup de figures imposées, c’est-à-dire qu’on arrivera à Paris tous les ans par exemple et nous avons surtout pas envie que ça change, nous sommes très fiers d’arriver sur les Champs-Élysées ! Le Tour de France, c’est selon les règles, 21 étapes, 3500kms au maximum, c’est 2 étapes de plus de 225kms etc.. Et puis il y a la géographie de la France avec ses deux grands massifs montagneux, comme tu le sais, les Alpes, les Pyrénées. Le Tour de France ne se conçoit pas sans les Pyrénées ou sans les Alpes ! Cela veut dire qu’une fois que tu as choisi ton grand lieux de départ, tu as une sorte de route qui se dessine et c’est en fonction de ça que nous privilégions l’intérêt sportif, la beauté du paysage pour que ce soit joli à la télévision .Là, nous sommes très content d’être ici à Cugnaux, la région est magnifique ! Mais tu peux te rendre compte que l’on a envahi la ville, on est très gros, et il faut de la place pour que l’on puisse s’installer.

Media Pitchounes : Comment faites-vous pour que le Tour de France soit toujours au fil des années toujours aussi spectaculaire ?

Christian Prudhomme : Nous on essaie de faire un parcours qui soit dense avec des choses différentes, des étapes de plaine, des étapes de montagne, des contres la montre et des étapes de moyenne montagne. Après, ça dépend beaucoup des coureurs eux même, ce sont eux qui font le spectacle ou pas. Ils peuvent ne pas rouler sur une étape magnifique, ils peuvent faire d’une étape a priori morne quelque chose d’extraordinaire ! Les organisateurs, c’est 40% du spectacle et les coureurs, c’est 60% même plus d’ailleurs, ça dépend d’abord d’eux.

Media Pitchounes : Quelles actions pourraient-être mises en place pour susciter l’intérêt des jeunes de tous les milieux au cyclisme?

Christian Prudhomme : On fait déjà un certain nombre d’actions avant le Tour de France. On a un stade qui s’appelle « Cycloparck » dans toutes les villes étapes du Tour de France. Au printemps, on organise sur un week-end des démonstrations de VTT, de simulateurs où tu es devant un écran, tu crois que tu grimpes le Galibier, le Tourmalet où que tu es sur des pavés … Avec ton copain qui est juste à côté. On fait des démonstrations de VTT ou de BMX principalement pour que les jeunes puissent venir en les sensibilisant à la pratique de la bicyclette au quotidien, parce que la bicyclette, c’est génial ! Tu peux aller d’un point à l’autre rapidement, ça ne pollue pas, et c’est bon pour la santé. Faire ce lien entre la bicyclette de Monsieur et Madame tout le monde et le vélo de compétition peut générer des vocations.

Media Pitchounes : Pensez-vous qu’un jour le tour de France se rapprochera un peu plus des quartiers afin de nous sensibiliser à ce magnifique sport?

Christian Prudhomme : C’est sur qu’aujourd’hui c’est plus facile d’avoir un ballon de football qui fait jouer 22 enfants alors que si tu veux faire rouler 22 enfants … Il faut 22 vélos ! Donc ça coute évidement plus cher. Mais j’espère bien oui, car le cyclisme c’est un sport très difficile et pour y réussir, il faut avoir beaucoup de volonté et vouloir s’en sortir. C’est donc dans le fond bien plus fait pour des gens qui ont du mal dans la vie, dans leur enfance que pour des gens qui ont eu une vie facile. J’espère que petit à petit les jeunes de quartiers s’intéresseront grâce à vous au cyclisme car c’est un sport magnifique et c’est presque fait pour eux ! Il faut avoir la volonté, il faut avoir le « gout du sang » dans la bouche pour s’en sortir dans le vélo !

Media Pitchounes : Peut-on espérer un jour qu’une étape traverse les quartiers ?

Christian Prudhomme : On a quelques propositions, notamment en région parisienne, en Seine Saint-Denis. Après la difficulté pour nous, c’est d’arriver dans les villes, c’est-à-dire quand tu as un peloton de 200 coureurs à 55km/h, c’est déjà très dangereux de faire du vélo sans risques de chutes. Si en plus il y a des terre-pleins, des choses comme ça, c’est très compliqué. Hier, l’arrivée à Lavaur était toute plane, il n’y avait rien, mais s’il faut faire sauter ces aménagements-là, évidement qu’à une municipalité ça coûtera beaucoup plus cher.

Media Pitchounes : Pour finir, selon vous, que faut-il pour remporter le Tour de France ?

Christian Prudhomme : Il faut du talent et surtout beaucoup de courage ! Tu sais, comme je le disais tout à l’heure, c’est un sport très très dur ! Quand tu les vois descendre un col à 85, 90 ou 95km/h sur leur vélo avec des roues, des pneus, des boyaux comme ça, c’est très impressionnant. Quand tu les vois dans les finales des étapes, dans le peloton les uns contre les autres lancés à 60 ou 70 à km à l’heure, ce sont des équilibristes, des funambules ! Donc il faut une volonté, un courage, une opiniâtreté.

Cugnaux le 14 Juillet 2011, propos recueillis par Paul et Justin


Crédit photos média-pitchounes


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